Surf Instructeur : BPJEPS versus ISA

Des tour operators étrangers sur le marché français du surf

Cela fait bien longtemps que le marché français des cours de surf est investi par des écoles de surf originaires d’autres nations européennes.

Ces écoles ont recours à des moniteurs de surf peu qualifiés au regard des standards français concernant l’encadrement des cours de surf. Elles échappent également à tout un arsenal de contrôles et d’autorisations qui pèsent sur les écoles de surf françaises. Et qui leur permettent d’exercer une concurrence déloyale sur le marché des cours de surf.

Le législateur justifiait sa tolérance envers ces surf camps en déclarant que ces derniers enseignaient à leurs ressortissants nationaux. En visitant les différents sites internet de ces surf camps, allemands, italiens ou espagnols, tous traduits en français et anglais, on se rend bien compte que ces entreprises ciblent une clientèle aussi bien française qu’internationale.

Le ministère des sports français a classé le surf comme « sport à environnement spécifique », c’est à dire que le milieu naturel dans lequel il s’exerce peut s’avérer dangereux et que pour enseigner le surf dans un tel environnement, un niveau de compétence élevé est exigé à travers le BPJEPS, successeur du BEES (Brevet d’Etat d’Educateur Sportif).

Ailleurs dans le monde, le surf est considéré comme un sport parmi tant d’autres, il n’est pas classé comme un sport à risques, et la Commission Européenne a donc approuvé le diplôme australien émis par l’International Surfing Association pour servir de référent en Europe. En vertu des équivalences de diplômes, un Allemand, un Italien ou un Lapon doté de l’ISA peut donc donner des cours de surf sur le sol français.

Véritables génies du marketing, ces surf camps allemands, hollandais, italiens, belges ou autres, qui embauchent des diplômés ISA, bien moins qualifiés que les moniteurs français, survendent le niveau de compétence de leurs instructeurs et ouvrent des sortes de franchises dans de nombreux pays, terres de surf. Moins payés car moins qualifiés, ces instructeurs ISA leur permettent d’être concurrentiels sur le marché français (qui exige des moniteurs français un diplôme d’État). On découvre d’ailleurs à côté de l’ISA d’autres diplômes de surf délivrés par des organismes néerlandais ou allemands tels que l’ASI (délivré par Ripstar qui a des surfcamps à Montalivet, Soulac, au Maroc, etc), un autre délivré par la fédération Surfing England pour 275 livres, etc. Le public étant ignorant du contenu réel de ces diplômes se fait d’autant plus abuser que le surf véhicule des images positives, de pureté, de sensations, de santé, de bien-être, de rencontres et de nature qui font oublier que derrière le sourire du prof se cache un entrepreneur rusé qui se joue des failles de la réglementation française et européenne.

Diplôme français Number One

Voici donc un petit comparatif illustrant  le coût mais surtout le temps de formation entre le BPJEPS et l’ISA :

  • ISA level 1 ou 2, organisé en France par la fédération autrichienne de surf : 889 €, 7 jours de formation (70h), 4 semaines de stage dans une école de surf accréditée par l’ISA (80h), le diplôme de secourisme First Aid de la fédération internationale de secourisme (30h). Total : 180 heures.

Comme pré-requis techniques démontrant la capacité à surfer des postulants instructeurs, une vidéo les mettant en scène en train de surfer des vagues faisant 1m50 de face.

  • BPJEPS formation courte : 4788 €, 4 mars au 10 octobre 2019, soit 5 mois, 399 heures.

BPJEPS formation longue : 7224 €, 4 février au 8 octobre 2019, soit 6 mois, 602 heures.

Comme pré-requis à l’entrée en formation : le diplôme de secourisme PSE1, une épreuve de performance en surf ainsi qu’une épreuve de natation (200m nage libre en 3’20 pour les garçons et 3’30 pour les filles). Suivis, si reçus, d’une épreuve écrite de 1h30 et d’un entretien oral. Inclus dans la formation, un stage de 2 mois dans une école de surf française, encadré par un moniteur BPJEPS.

L’ancêtre du BPJEPS, le BEES, exigeait également de posséder le BNSSA (diplôme que possèdent les surveillants de baignade) ainsi que le Tronc Commun (connaissances en biomécanique, physiologie, psycho-pédagogie, réglementation…)

Les moniteurs de surf français qui enseignent le surf en France sont tous dotés du BPJEPS (ou du BEES) et sans entrer dans le détail du contenu des formations respectives, on peut dire que les chiffres parlent d’eux-même. Leur niveau d’expertise au regard de la sécurité de la pratique et du contenu pédagogique est très au dessus de ce que proposent les écoles de surf internationales installées en France. A la lecture des discours grandiloquents sur l’excellence et le professionnalisme de leurs instructeurs, on peut d’ailleurs s’étonner qu’aucune de ces écoles étrangères n’embauche de moniteurs français. On comprend là que l’exigence de qualité s’efface devant le désir de rentabilité, un moniteur qualifié se payant bien sûr plus cher. Peut-on parler de néo-colonialisme lorsqu’on exerce une activité économique dans un pays en échappant aux contraintes réglementaires des nationaux ?

On regrette en tout cas que la commission européenne ait décidé de tirer le niveau de qualification vers le bas en reconnaissant l’ISA international, plutôt que le BPJEPS français, émis depuis le sol européen par le premier pays européen à avoir embrassé la pratique du surf. La fédération de surf allemande délivre d’ailleurs un diplôme sur le modèle du BPJEPS français (682 heures de formation), qui n’a pas non plus été retenu, le DWL Surfinstructor.

Dès lors, les écoles françaises et les surf camps non français se croisent sur les mêmes lieux de pratique, en faisant semblant de ne pas se voir.  Traités de manière inégale par le législateur,  au détriment de l’activité économique des uns et au bénéfice des autres,  un sentiment d’injustice légitime vient s’immiscer là où un échange constructif eut pu émerger entre les passionnés de surf issus de différentes nations.

Beaucoup de zones grises et de questions

Ainsi, cela amène quelques questions, à poser à la DRJS (Direction régionale jeunesse et sports) et à la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) du lieu d’exercice de ces écoles de surf :

A l’instar des écoles et moniteurs de surf français, les détenteurs de diplômes ISA doivent logiquement faire une demande de carte professionnelle auprès du ministère de la jeunesse et des sports. Opérant souvent en zone non réglementée en limites communales, sont-ils contrôlés au même titre que les nationaux : obligation de carte professionnelle, de diplômes de secourisme mis à jour, de responsabilité civile, de moyens de secours (téléphone, trousse de secours, planche ou palmes pour porter assistance), de limite du nombre d’élèves (limite de 8 élèves par moniteur diplômé), de déclaration d’activité auprès de la mairie ?

Sinon, à quoi bon respecter les règles nationales si tout le reste de l’Europe les bafoue  pour s’en mettre plein les poches à moindre coût ?

Les surf camps étrangers sont-ils incités à régulariser leurs instructeurs, en faisant une demande de carte professionnelle ? Et de là, leurs employés instructeurs sont-ils dotés de cartes professionnelles dans les nombreux surf camps qui jalonnent le littoral français ?

Un test d’évaluation a déjà été mis en place par le passé, pour valider l’aptitude de ces instructeurs ISA à enseigner sur les plages françaises, considérées comme environnement spécifique par le législateur. Est-ce anecdotique ou bien ces tests ont-ils lieu chaque année ?

Il se dit que pour protéger le diplôme d’état français (BPJEPS), un ressortissant français qui passerait l’ISA, doit enseigner deux ans à l’étranger avant de pouvoir travailler en France avec son diplôme ISA (Carte pro délivrée alors par la DRJS). Si l’intention est louable, de protéger le diplôme le plus qualitatif, il apparait injuste qu’un Espagnol puisse travailler en France avec son ISA tandis qu’un Français devrait s’exiler deux ans pour pouvoir travailler chez lui !?

Quelques réponses

Mr Allaman, de la DRJS, que nous avions contacté sur cette thématique de la concurrence déloyale des écoles étrangères, nous oriente vers la DDCSPP qui pourrait peut-être nous dire si ces instructeurs venus de pays divers possèdent les autorisations requises pour enseigner et s’ils se sont soumis aux mêmes contraintes que les nationaux.

Il nous livre aussi quelques éléments à même de définir ce qui constitue un cas de concurrence déloyale au regard du droit français (les écoles privées se retrouvent confrontées à cette problématique lorsqu’une école étrangère exerce sans autorisation sur la même plage, ou lorsqu’une association à but non lucratif propose des stages de surf à prix cassés) :

  • Il faut prouver l’existence d’une faute (défaut de responsabilité civile, de carte professionnelle, de diplôme, de brevet de secourisme, de respect des normes réglementaires et de sécurité). Une faute peut prendre la forme d’un dénigrement (porter le discrédit sur quelqu’un. Exemple : « Surfer en club c’est mieux » laisse supposer que surfer dans une école privée serait moins bien) ; d’une confusion (introduire par exemple une confusion qualitative entre des diplômes), peu importe que ce soit intentionnel ou par négligence ; d’une désorganisation (par exemple, le détournement d’une commande ou d’un contrat, toute pratique frauduleuse pour obtenir des privilèges et passes-droit auprès des pouvoirs publics).
  • Le préjudice se caractérise par une perte de clientèle de la victime, il est souvent induit automatiquement par l’existence avérée d’une « faute » commise par un concurrent. De même que le lien de causalité.
  • Le parasitisme :  » le fait pour un tiers de vivre en parasite dans le sillage d’un autre en profitant des efforts qu’il a réalisés et de la réputation de son nom et de ses produits « .

Il faut ensuite saisir la juridiction compétente :  le tribunal de commerce, le Conseil des Prud’hommes ou les tribunaux civils.

Mr Bernadet, vice-président de la FFS, qui a également répondu à nos questions, nous oriente vers la direction de la concurrence et des fraudes qui émane de la DDCSPP.

Toutefois, les responsables de ces écoles françaises sont assez réticents le plus souvent à pratiquer la dénonciation car cela renvoie, consciemment ou non, à certains âges sombres de l’histoire européenne. Ces professionnels préfèrent se dire que le législateur met tout en œuvre pour que le principe d’égalité soit respecté au regard de la loi et des règlements. Ce n’est malheureusement pas le cas. Nous voici donc dans une impasse, aussi l’association se rapprochera-t-elle prochainement de la DDCSPP pour essayer d’obtenir de nouveaux éléments de réponse.

Sur une note positive

Pour conclure, je dirais que les moniteurs de surf français parlent généralement plusieurs langues étrangères et qu’ils seront ravis de partager leur connaissance des vagues françaises ainsi que leur art de vivre avec les visiteurs de toutes origines ! Le Français qui ne parle que sa langue maternelle est une espèce en voie de disparition, alors welcome !

Si voyager au milieu de ses concitoyens peut sembler rassurant, le véritable dépaysement culturel commence seulement lorsque l’on se mélange aux autochtones. Quoi de mieux alors que de prendre des cours de surf avec des éducateurs sportifs français lorsque l’on voyage en France !!

 

Compte rendu de l’entrevue avec la Fédération Française de Surf

Eco-Safe Surfing s’est donné pour mission d’informer ses adhérents et de leur donner une voix pour exprimer leurs problématiques et leurs besoins. Cela oblige l’association à un long travail de recherche qui l’amène à questionner les choix stratégiques des institutions. Cette démarche se veut constructive, il va sans dire que la FFS a un rôle prépondérant dans l’avenir du surf en France, dans des domaines très diversifiés.
Pour éviter toutes réactions viscérales qui pourraient entraver les échanges entre les différents acteurs, nous essayons autant que possible d’être critiques sans porter de jugements hâtifs. Nous souhaitons simplement progresser ensemble et réfléchir aux moyens d’améliorer les conditions de travail et de formation des gérants d’écoles de surf et éducateurs sportifs.
C’est dans cette optique que nous avions sollicité le 17 avril une entrevue avec le président de la Fédération Française de Surf, qui nous a donné satisfaction le 23 mai, en la personne de son vice-président Mr Bernadet, en nous recevant dans les bureaux de la FFS à Hossegor.
Mr Bernadet était très bien renseigné sur les orientations et projets de la Fédération Française de Surf, si bien que j’ai pu, en tant que président de Eco-Safe Surfing, lui poser un grand nombre de questions, après lui avoir brièvement présenté l’objet de notre association et sa raison d’être.
Voici les enseignements tirés de cet entretien, si des erreurs de se sont glissées dans ce compte rendu, je serai tout à fait disposé à les corriger ultérieurement. La réglementation est un animal complexe qui s’attache différemment aux uns et aux autres, les réponses données ont suscité bien sûr de nouvelles interrogations.

Premier sujet abordé, l’accès aux stagiaires

L’accès aux stagiaires dépend de la formation, qu’on a tendance à associer naturellement à la FFS. Or, l’organisme d’état pour la formation, m’expliquait Mr Bernadet, c’est le CREPS. Les cadres de la FFS qui s’occupent de la formation travaillent pour le CREPS.  Une manière de dire, nous travaillons pour l’État, nous ne sommes pas seuls décisionnaires. Bien conscients de cela, nous nous étions déjà rapprochés de la Direction de la Jeunesse et des Sports.

A la question des stagiaires, sur le principe, n’importe quelle école peut demander un stagiaire, mais sur le principe seulement :

  • A l’issue de la formation, se réunit une commission d’attribution des stagiaires pour valider ou non les écoles qu’ils ont choisies et qui doivent répondre à certains critères de qualité. Les écoles labellisées FFS sont d’emblée mises en avant, pour les autres écoles, la FFS est consultée et donne un avis. L’argument avancé, c’est qu’elle n’a pas les moyens de connaître la qualité des 70% d’écoles non labellisées tandis que les écoles labellisées leur sont connues puisqu’elles ont été auditionnées.

Tout compte fait, il semble donc que pour obtenir un stagiaire, il faille être une école labellisée ou alors, pour se faire connaître par la FFS, devenir formateur bénévole pour la FFS.
Passons sur le fait qu’être formateur ne signifie pas forcement « être un bon formateur », de même qu’il est illusoire de penser que toutes les écoles labellisées FFS, auditionnées tous les 3 ans, répondent à des standards de qualité supérieurs à ceux d’une école non labellisée FFS.
Selon Mr Bernadet, une école labellisée disposant d’un stagiaire une année, pourrait se voir retirer ce privilège l’année suivante : le vice-président déclare que  la FFS, lorsqu’elle fait passer l’examen final, peut alors juger si le stagiaire a été correctement formé ou bien utilisé en mode usine pour donner des cours à la chaine. Et qu’alors l’école peut se voir refuser son stagiaire l’année suivante. La question d’un manque de stagiaires par rapport aux nombre d’écoles labellisées et de leur distribution entre les unes et les autres de ces écoles n’a pas été développée.
Le pourcentage d’examinateurs issus des cadres de la FFS, de l’UCPA ou d’autres organismes ne nous est pas connu, qui eut pu apporter un éclairage intéressant sur ces propos et révéler l’influence prépondérante de tel ou tel de ces différents acteurs sur la formation. En effet, d’un point de vue extérieur, il est difficile d’appréhender clairement le rôle des uns et des autres pour avoir une vue d’ensemble du système.

  • Des stagiaires pour les grosses structures : la sélection par l’argent.

Les organismes d’état prennent de moins en moins en charge le coût de la formation, celle-ci retombe alors sur les employeurs, les grosses structures qui sont en capacité financière d’avancer le coût d’une formation au BPJEPS. En échange d’une promesse de stage et d’embauche dans leur entreprise.

Notons que le vice-président de la FFS déclare que l’uniformisation des types de structure sur un seul modèle n’est pas un gage de qualité et que la diversité est souhaitable. Pour autant, la FFS se désengage de ces problématiques qu’elle juge identiques à celles que l’on retrouve dans d’autres secteurs d’activité professionnels : le financement de la formation, la concurrence des diplômes ISA et autres spécificités du surf restent donc des problèmes sans solution.
Prochaine mission d’Eco-Safe Surfing : obtenir des renseignements concrets pour connaître les modalités de paiement de la formation d’un stagiaire et les garanties contractuelles permettant de financer un apprenti BPJEPS en ayant la certitude qu’il aura le droit d’effectuer son stage dans la dite-structure qui l’a sponsorisé.

La formation : en relation avec la difficulté croissante à trouver des moniteurs à l’embauche tandis que le nombre de créations d’écoles se multiplie

Les clubs, les association affiliées à la FFS, sont favorisés par la politique fédérale des formations, il suffit de regarder les formations existantes. L’argument avancé, c’est qu’il y a beaucoup de bénévoles dans les clubs et qu’il convient donc de les aider et de les favoriser par rapport aux privés.
Le fait que les clubs soient concurrents directs des écoles privées sur les mêmes lieux de pratique, en proposant des prestations commerciales, est une donnée qui n’a pas été évoquée lors de l’entretien. Pourtant, le fait de disposer de personnels gratuits ou peu rémunérés permet bien sûr d’exercer une concurrence déloyale.
Ainsi, en dehors du BPJEPS, les diplômes intermédiaires existants ne permettent pas d’embaucher un moniteur de niveau intermédiaire contre rémunération, afin par exemple d’embaucher un diplômé français plutôt qu’un ISA  : le BIF permet actuellement d’enseigner bénévolement dans un club affilié, un monitorat fédéral va également être mis en place, mais toujours sur la base du bénévolat. Ces diplômés ne pourront travailler que dans des structures fédérales.
Un diplôme intermédiaire pour les écoles privées, labellisées ou pas ? Impossible car le surf est un « sport à environnement spécifique », il n’est légalement pas possible de travailler contre rémunération autrement qu’avec un brevet d’état ou professionnel. Dans les autres pays européens, le surf n’est pas classé sport à environnement spécifique, ce qui ouvre une brèche qui permet au diplômé ISA d’enseigner en France à ses ressortissants, de ce que j’ai compris, bien que le diplôme soit peu qualifiant. Des directives européennes quelque peu inégalitaires dans la répartition des contraintes professionnelles.
Malgré les éclaircissement apportés, on ne comprend pas bien comment le BIF s’accommode de la contrainte du statut de sport à environnement spécifique. En quoi le fait d’enseigner bénévolement permet-il d’échapper à la problématique de la dangerosité de l’activité en milieu océanique quand un diplôme équivalent permettant de travailler contre rémunération serait interdit ?
Faire évoluer son niveau de formation quand on a le BE ou BP, pour l’instant impossible : en effet, tous les deux ans est organisée une formation d’entraineur, dont les places sont limitées, et les clubs sportifs tournés vers la compétition sont prioritaires sur les écoles privées ou les associations qui ne sont pas affiliées.
Pourquoi des moniteurs issus de structures commerciales ne pourraient-ils pas prétendre à former des sportifs de haut niveau, dans le cadre du calendrier des compétitions mais aussi dans celui, hors compétition, du développement personnel  ? Une plus grande équité dans le droit à la formation ne permettrait-elle pas de créer les conditions d’un échange productif entre secteur privé et associatif ?

Solution envisagée par la FFS face au manque de profs à l’embauche : le BPJEPS, et le coût de la formation, vont être allégés (4 modules) pour rendre le diplôme plus accessible aux jeunes en recherche d’un job d’été, avec comme objectif de former plus de monde

Actuellement, grosso modo, sur 300 candidats par an aux pré-requis techniques, 60 sont pris en formation. A la question, pourquoi le niveau d’exigence technique aux pré-requis a-t-il augmenté ? Parce que le niveau global des pratiquants s’est amélioré.
La solution avancée, sans précision temporelle, pour réduire le nombre de création d’écoles : le DEJEPS et DESJEPS, diplômes au dessus du BPJEPS qui apportent des compétences pour gérer des structures et organiser les ressources humaines dans une équipe technique, pourraient donner droit à ouvrir une école (les BE et BP déjà diplômés auraient l’équivalence). Le BPJEPS ne permettrait alors plus que de travailler contre rémunération.
Mais pour cela, il faudrait que l’État réglemente la profession, comme il le fait déjà avec les coiffeurs, les infirmier, les médecins. Mais peut-on se raccrocher à cet espoir, lointain et indéterminé ?
L’UCPA est un Centre de formation national, donc en gros, elle fait ce qu’elle veut de ses formés :  lorsqu’elle paye la formation d’un jeune, cela se fait en échange d’un engagement à travailler pour elle, à priori tacite, mais qui dissuade probablement beaucoup les stagiaires de candidater ailleurs. Cette dernière remarque est purement spéculative et n’engage que moi.
Il semble probable que l’UCPA et les grosses structures captent l’essentiel des stagiaires et des formés : être formateur, labellisé et en capacité de payer le coût des formations constitue un avantage sur les autres écoles, c’est indéniable.
La FFS se désengage par ailleurs de la problématique des adjudications de plages en disant que c’est le rôle des maires et que malheureusement le marché  allait probablement se réguler de lui même, au profit des plus gros.

Quelques infos sur le label FFS et sa politique de formation au niveau européen

Le label FFS : d’après les informations recueillies lors de notre entretien, les écoles qui se portent candidates au label sont auditionnées la première année. Tout type de structure peut se porter candidat (également une école qui ne serait pas munie de vestiaires et de certains équipement), les écoles font ensuite l’objet d’un audit tous les 3 ans (un cadre réserve et prend un cours dans la structure).
Par ailleurs, une école labellisée n’a pas le droit d’embaucher de ISA et ses employés doivent avoir la licence éducateur de la FFS.
La FFS essaie de protéger et de valoriser les diplômes nationaux : en vertu de la spécificité française du surf, sport à environnement spécifique, les ISA sont parfois rattrapés par la réglementation française lorsqu’ils doivent faire la preuve de leurs compétences en situation dans le milieu qu’ils ont choisi pour enseigner. Ainsi, je précise n’avoir pas d’information sur la date ou la fréquence de l’évènement, il est arrivé que la DRJS procède à un test de compétences sur lieu de pratique : 50 ISA, ayant demandé à la DRJS une carte PRO afin d’enseigner en France, ont été convoqués pour une mise en situation, à peine une dizaine d’entre eux se sont déplacés et deux seulement ont été reconnus aptes à enseigner en France et gratifiés d’une carte Pro.
La Fédération Allemande de Surf a créé des diplômes sur le modèle du BE français, d’un niveau donc bien supérieur à l’ISA. Le président de la FFS, Mr Arassus est également président de la Fédération de surf européenne et la FFS a pour projet de créer un diplôme de surf européen calqué sur les standards et critères de qualité français. Cela permettrait peut-être d’avoir une autre alternative à l’embauche que le choix d’un ISA formé sur une période trop courte pour constituer un gage de qualité.
Parmi les options d’évolution de la formation, évoquées en interne par les cadres de la FFS :  la possibilité d’une formation continue pour les BP, avec une révision tous les 5 ans sur le modèle des diplômes de secourisme. Cela néanmoins ne semble pas être à l’ordre du jour.

Vers une meilleure communication ?

Quand j’ai soulevé un manque de communication, source probable de malentendus entre la FFS et les écoles de surf, il m’a été dit qu’auparavant, la FFS organisait deux réunions par an mais que les écoles labellisées ne se déplaçant pas, l’organisation de ces réunions avait été abandonnée.
Quand j’ai soulevé le fait que 70% des écoles françaises non labellisées avaient du mal à trouver des informations, Mr Bernadet a déclaré que l’on pouvait aller se rendre sur le site de la FFS.
Pour se renseigner donc, deux options : se licencier pour recevoir la newsletter par mail, sinon aller à la pêche sur le site de la FFS.
Pour y avoir cherché des informations à plusieurs reprises, je peux dire avec certitude qu’on n’y trouve pas tout.
Mr Bernadet a proposé, si nous le souhaitions, que nous organisions une réunion pour que les adhérents de l’association aient la possibilité d’échanger avec la Fédération Française de Surf.
Il est facile d’accuser la fédération de tous les maux, tandis que la FFS juge parfois un peu désinvolte l’attitude des écoles privées, qui demandent tout sans jamais s’investir dans le système fédéral.
Néanmoins, je pense que chacun peut dépasser ces représentations pour réfléchir ensemble aux moyens de défendre la belle spécificité française de l’enseignement du surf.
Cette rencontre était, je l’espère, un premier pas dans cette direction.

Formation Surf, part 5 : l’associatif au cœur des tensions

Les écoles de surf ont des formes juridiques et des modes de fonctionnement très diversifiés. Certaines politiques peuvent donner le sentiment de favoriser les associations au détriment des structures privées. D’autres dispositifs réglementaires, de vouloir affaiblir les travailleurs indépendants. Eco-Safe Surfing a voulu prendre le contre-pied de toutes ces querelles lénifiantes en voulant représenter toutes les écoles de surf, clubs, privés, concessions de plage, écoles de dur, itinérants, multi-activités.

Néanmoins, ces écoles aux formes diverses sont concurrentes sur un même espace et force est de constater que les conditions d’accès à la plage et aux formations ne sont pas toujours très égalitaires. Pour dépasser les clivages, nous allons tenter de décortiquer certaines orientations structurelles.

La formation au service des uns

Certaines formations ne sont ouvertes qu’aux clubs, comprendre « association labellisée FFS participant au calendrier des compétitions », à l’exclusion donc des structures privées mais également des « clubs loisir ».

L’enquête DRJS 2008 préconise d’améliorer la communication à destination des clubs et écoles labellisées, qu’en est-il des autres écoles, pourtant majoritaires !? Le renforcement des dispositifs de formation vise également à professionnaliser les futurs salariés des structures… associatives affiliées à la FFS. Citation du rapport, « Former les moniteurs de surf sur le long terme », propositions émises :

« o La FFS développe un service d’appui aux clubs en termes de projet associatif (encadrement à l’année, projet pédagogique pour le scolaire et le périscolaire, projet fédéral, vie associative, etc.).

o La FFS met en place un système permettant de renforcer la formation des salariés des clubs. La professionnalisation des associations permet de renforcer et de légitimer le discours et les valeurs de la FFS (Lutter contre la déperdition du discours fédéral dans les écoles de surf, notamment dans les entreprises).

o Enfin, la FFS propose un système de formation à destination des dirigeants élus des associations. L’ambition est ici de « professionnaliser » (entendu ici comme rationaliser) les décisions administratives, de gestion, de recrutement, etc. au sein des clubs ».

Pourquoi pas, mais que propose-t-on aux autres types de structures en terme de formation et d’échange ?

L’adjudication au bénéfice des uns

Évoquons à présent les conditions d’adjudication : il s’agit de la réglementation mise en place par chaque mairie pour autoriser un nombre limité d’écoles à exercer sur ses plages. Le rapport DRJS 2008 préconise une mesure pour le moins inégalitaire :

« Une possibilité de rationalisation des procédures d’adjudication pourrait être la suivante :

1-les écoles commerciales candidatent en début de saison auprès des municipalités,

2-les écoles sélectionnées paient une taxe à la municipalité (au prorata de l’espace mis à disposition et du nombre de moniteurs prévus par exemple),

3-le montant des taxes obtenu sert à financer les associations locales pour développer à l’année le surf de compétition, le surf pour tous, les entrainements des surfeurs du club, etc ».

En effet, à l’image des écoles privées, la plupart des clubs proposent également une activité commerciale, en émettant des offres de type stages de surf à destination des vacanciers. La saisonnalité de l’activité, de même que des prestations peu différenciées font que la frontière entre l’action des clubs et celle des privés est finalement assez mince.

Le rapport de la DRJS reconnaît d’ailleurs cet état de fait :

« Alors qu’assez logiquement les écoles commerciales déclarent avoir une activité quasi exclusive en période estivale, il apparaît que de nombreux clubs labellisés opèrent des modes de fonctionnement similaires. Aussi, comme nous l’avions formulé ailleurs, « sous couvert d’un statut associatif, des écoles associatives se révèlent être de véritables entreprises à but lucratif pour les périodes estivales ». Autrement dit, le club n’est-il qu’un « prétexte » à l’emploi en période estivale ? Comment le discours fédéral ordinaire du sport en France est-il promulgué ? ».

Toutefois, cette proposition est nuancée puisqu’il s’agirait de reverser le produit de cette taxe aux clubs qui ne pratiquent pas d’activité commerciale concurrentielle. Entretient réalisé en 2009 par Christophe Guibert, dans le cadre d’une étude, Les effets de la saisonnalité touristique sur l’emploi des moniteurs de sports nautiques dans le département des Landes :

« Une piste proposée par le Président du Comité Départemental consiste à établir un forfait à l’égard des entreprises souhaitant offrir des cours de surf, lequel permettrait aux municipalités de subventionner les associations afin de pérenniser les emplois : On a commencé à y réfléchir ! C’est que les écoles privées paient une sorte de patente, qu’ils aient une plage l’été moyennant quoi cette patente serait reversée au club local. Auquel cas, le club, lui, arrête d’être commercial et d’être concurrentiel des écoles privées ».

Clubs et privés, des orientations communes

Les clubs sont déjà favorisés par des avantages financiers (subventions) et en nature (locaux gratuits, écoute bienveillante des pouvoirs publics), qui leur permettent d’exercer une concurrence pour le moins déloyale sur le terrain des stages de surf. Aussi, il serait proprement hallucinant d’aller taxer les entreprises privées pour aller alimenter les caisses des clubs qui les concurrencent !

Certes, tous les clubs ne vivent pas des stages de surf. Cependant, les associations ont le droit d’exercer une activité commerciale, sous certaines conditions, tel que le rappelle le rapport 2008 :

« Les associations peuvent tout à fait légalement exercer des activités commerciales.

Elles sont alors soumises au droit commun du code de commerce et ont en outre l’obligation spécifique, conformément à l’article L. 442-7 du Code du commerce, de mentionner dans leurs statuts, si tel est le cas, l’exercice habituel de leurs activités marchandes.

Au plan fiscal, les associations exerçant à titre habituel une activité lucrative sont assujetties aux impôts et taxes commerciaux (IS, taxe professionnelle, TVA), dans tous les cas où elles exercent leur activité sur un marché concurrentiel et où elles fonctionnent comme une entreprise purement commerciale. Seules les associations réservant leurs prestations à un public spécifique et exerçant une activité sociale sans but lucratif bénéficient d’un régime d’exonération fiscale.

Par ailleurs, si une entreprise commerciale estime être victime localement de concurrence déloyale de la part d’associations, elle peut engager une action contentieuse devant le juge civil sur la base des articles 1382 et 1383 du code civil. Il importe dans ce cas qu’elle puisse démontrer la réalité du dommage à son activité (baisse du chiffre d’affaires par exemple) et le lien de causalité entre l’activité de cette ou ces associations et la baisse du chiffre d’affaires en résultant pour son entreprise. Les services de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes peuvent intervenir dans les cas de publicité trompeuse, en application de l’article L. 121-1 du code de la consommation, ou d’infraction aux dispositions sur le démarchage à domicile (articles L. 121-21 et suivants du code de la consommation) ».

De la même manière que des clubs occupent le terrain des activités commerciales estivales, certaines écoles privées encadrent des jeunes à l’année ou encore forment des compétiteurs de haut niveau. Il semble alors vain de diaboliser les uns ou les autres, puisque tous poursuivent une même mission d’éducation par le sport.

Toutefois, il est indéniable que les associations bénéficient d’avantages économiques liés à leur statut juridique. Aussi, à l’heur où les pouvoirs publics parlent de développement durable et de  cohésion sociale, la réflexion sur la formation et la réglementation doit non pas viser à renforcer les uns au détriment des autres mais à préserver l’égalité de tous. L’espace plage est un espace de plus en plus saturé, il est important pour l’avenir de la profession de créer des conditions d’accès équitables et justes (formation, adjudications, réglementation) pour que tous puissent travailler harmonieusement.

Notre association souhaite en finir avec les guéguerres stériles, qui paralysent les écoles de surf, afin de trouver ensemble des solutions pour le bien commun de la profession.

Lettre à la Fédération Française de Surf

L’action de l’association Eco-Safe Surfing s’inscrit dans une démarche pro-active, de discussion avec les instances publiques et fédérales, afin que les problématiques et besoins des professionnels enseignants et gérants d’écoles de surf soient entendus… et, tel est du moins notre espoir, prises en considération sous forme d’actions concrètes, en ce qui concerne la formation, la défense de notre liberté d’exercice et de nos métiers.

Voici la lettre, à ce jour sans réponse, que nous avons envoyée au président de la Fédération Française de Surf, en vue de créer les conditions de cet échange:

Bonjour Mr Arassus,

Je vous contacte en qualité de président de l’association Eco-Safe Surfing en vue de solliciter une entrevue avec vous, pour vous présenter notre démarche.

Tout d’abord, et pour dissiper tout malentendu, nous ne nous posons pas en concurrents de la FFS ou de son label, nous considérons que notre démarche est complémentaire.
Elle est par ailleurs ciblée puisqu’il s’agit de représenter les moniteurs et gérants d’écoles de surf dans leur diversité, qu’ils soient labellisés FFS ou pas, car tous expriment des inquiétudes face à l’avenir de leur profession et conditions d’exercice (conditions d’adjudication des mairies, émergence de nouvelles taxes, concurrence des ISA, besoins en formation, etc.). A travers notre association, ils trouvent de l’information et un moyen de participer aux débats publics qui les concernent directement. On parle de l’individualisme des surfeurs, nous pensons que nous avons plus en commun à défendre collectivement, qu’à garder jalousement chacun dans son coin.

Notre charte de qualité ressemble un peu à la charte tourisme durable des offices de tourisme du Seignanx, en ce sens qu’elle encourage chacun à s’améliorer et crée les conditions d’une réflexion et d’une évolution des mentalités. Elle est aussi un peu l’esprit de l’association, un outil pour faire avancer notre profession. Il existe d’ailleurs à ce jour plusieurs labels et chartes de qualité écoles de surf, chacune avec ses particularités. Nous encourageons nos adhérents à continuer à se labelliser auprès de la FFS dans la mesure où nous ne proposons pas de responsabilité civile et autres avantages que vous avez mis en place dans votre label.

Des choses intéressantes pour les gérants et moniteurs d’écoles de surf se passent actuellement puisque le GIP Littoral aquitain (plan action glisse) et la DRJS avec son enquête métiers du surf interrogent la profession. Nous aussi avons réalisé plusieurs enquêtes afin de faire remonter nos problématiques et nos besoins, notamment en ce qui concerne la formation, et émis des propositions.

Nous aimerions échanger avec vous, en particulier sur la formation, puisque certains besoins ont été exprimés. Notre point de vue est je l’espère constructif, il ne vise pas à critiquer la FFS ni à contester sa légitimité, mais à ouvrir le débat afin de préserver la qualité de l’enseignement et les conditions de vie des moniteurs et gérants d’écoles de surf. Nous avons souvent l’impression d’être isolés, utilisés comme actifs sans être pour autant consultés ou écoutés, je pense qu’établir un dialogue ne peut être que positif.

Merci pour votre écoute,

Cordialement,

Eric Lafargue, président de l’association Eco-Safe Surfing.

Formation Surf, part 4 : no communication no future

Isolés comme des Papous !

Le rapport DRJS de 2008* suggérait qu’il était nécessaire de communiquer auprès des moniteurs de surf pour leur faire connaître le nouveau dispositif de formation, articulé autour du BPJEPS. En effet, le constat était alors celui d’un manque criant de connaissance de la part des professionnels enseignants :

 » Seules deux personnes interviewées connaissent en détail le contenu du nouveau dispositif de formation ainsi que les évolutions par rapport au BEES. Autrement dit, une nette majorité n’appréhende pas clairement les changements entre les deux diplômes ainsi que les logiques de suivi de formation (durée des parcours, coût, contenu des unités d’enseignement, etc.).

Certains croient par exemple pouvoir embaucher des stagiaires, d’autres non. Certains pensent que les stagiaires ne peuvent l’être que dans des structures associatives alors que d’autres pensent que le type de structure n’est pas un critère distinctif pour effectuer un stage. Si le fait de savoir qui précisément est dans le faux ou dans le vrai n’est pas important en soi, c’est plutôt le manque de connaissance à l’égard du BPJEPS qui est à noter. Aussi, soit l’information est peu disponible et sa diffusion est confidentielle, soit les responsables de structures ne vont pas « chercher l’information ». Toujours est-il que les employeurs, aux fins d’embauches futures, devraient être bien informés de l’offre de formation. »

Or, en 2018, soit exactement dix ans plus tard, rien n’a évolué, l’enquête Eco-Safe Surfing montre bien, dans ses réponses mais également dans ses questionnements, que le niveau d’ignorance des moniteurs de surf est maximal concernant la formation, son contenu et le système d’attribution des stagiaires.

Extrait du rapport 2008 : « Une plaquette standardisée (type dépliant A4 en trois volets) avec les spécificités de chaque diplôme (coût, durée, lieu de formation, métiers ou fonctions correspondants, VAE…) puis les passerelles existantes entre chacun d’eux serait utile à l’ensemble des responsables de structures pour qui la situation actuelle n’est pas toujours très claire mais aussi pour les surfeurs désireux de valider une formation diplômante.

Cet outil pourrait être diffusé à une large échelle, par exemple dans les ligues, les comités et les clubs de France, comme document annexe à ceux fournis lors de l’acquisition d’une licence, sur les lieux de compétition fédérale, etc. »

Le rapport DRJS 2008 proposait ainsi de diffuser des brochures dans les structures affiliées à la FFS. Selon le rapport Eco-Safe Surfing, les écoles labellisées FFS, en 2018, ne semblent pas mieux informées que les autres. Les seuls moniteurs à bien connaître le dispositif de formation sont ceux qui participent à la formation dans les centres.

« Un document récapitulatif de l’ensemble des diplômes fédéraux (BIF, BAF, BEF) et d’Etat (parcours long et court du BPJEPS, DE, DES) avec :

  • Les spécificités et les finalités de chacun d’entre eux.
  • Les passerelles possibles (en termes d’allègement de formation par exemple).
  • Les ouvertures professionnelles potentielles.
  • Un document type (dépliant ou feuille A4) sous forme de graphique ou de tableau aux fins de lisibilité et d’appropriation par tous (et diffusé massivement dans les structures) serait ici utile.

Enfin, les clubs doivent être mieux soutenus par la fédération, notamment en termes de communication d’après L. Caillet : la réalisation d’une plaquette explicite et claire de l’ensemble des formations (type, lieux, coût, durée, passerelles, etc.) doit être assurée ».

Rappelons que les moniteurs des 70% d’écoles non labellisées FFS ont eux aussi besoin de faire évoluer leur formation, de former et d’accéder à des personnels qualifiés et le terrible constat 2018, c’est qu’ils sont laissés dans le noir complet.

Le questionnaire Eco-Safe Surfing, une bouée à la mer

La démarche de notre association est évolutive. Poser les bonnes questions est malaisé lorsqu’il est même difficile d’obtenir des réponses simples, telles que : avec mon diplôme d’État, à quelles formations puis-je prétendre pour améliorer mon niveau de compétence ?

Aussi, la diffusion des informations sur le site ecosafesurfing.com, que nous collectons au cours de cette enquête, vise avant tout, non pas à porter des jugements, mais à obtenir des réponses pour sortir de notre ignorance. La diffusion de ces éléments sur le site amène d’ores et déjà des réponses individuelles de la part de moniteurs de surf qui nous contactent spontanément. Mises bout à bout, ces réponses permettent de mieux comprendre les dispositifs de formation et de mettre cette information à la disposition de tous.

Par notre démarche, nous espérons également toucher les organismes de formation pour créer un échange, afin d’obtenir des réponses cruciales pour l’avenir de chaque professionnel :

Quel est le contenu du BPJEPS ?

Quelle formation complémentaire après le BPJEPS ou le BEES ?

Être un club affilié dédié à la compétition ouvre-t-il plus de droits à la formation ?

Comment sortir de l’opacité qui entoure le système d’attribution des stagiaires ?

Où aller chercher l’information concernant les stagiaires ?

Prendre en charge la formation d’un stagiaire pour une petite structure, est-ce économiquement viable ?

Quelle alternative à l’embauche d’un ISA en terme de formation en France ?

* DRDJS Aquitaine – Le surf en France. Emplois-employabilité-formations – Rapport final, Mouvens / C.C – C.G / 2008 page 54/178

Formation Surf, part 3 : Création versus Emploi

Le BPJEPS et l’inévitable aggravation du paradoxe français : le « babyschool boom »

Le rapport 2008 de la DRJS sur l’emploi surf propose comme solution, pour allonger la durée des contrats de travail, de former, dans le cadre du brevet professionnel, des gestionnaires de clubs ou de leur donner des compétences pour développer une structure commerciale:

« Un moniteur de surf doit donc être un véritable « agent de développement » de sa profession et de son sport s’il veut pouvoir élargir la période d’activité professionnelle et ne plus être titulaire de la saisonnalité touristique estivale ».

Or, les écoles de surf en place trouvent de plus en plus difficilement de moniteurs de surf à salarier, pour une raison très simple : ces derniers montent leur propre structure dès qu’ils sortent de formation. Alors qu’auparavant, un jeune éducateur surf travaillait quelques années dans une école de surf (pour parfaire son expérience), depuis une dizaine d’années, l’éducateur surf tout frais sorti de formation se met aussitôt à son compte.

On peut alors se demander si la stratégie préconisée par le rapport n’est pas contre productive : les visiteurs en hors saison ne sont pas assez nombreux pour alimenter un nombre croissant d’écoles, gérées par des moniteurs de surf qui sont de mieux en mieux formés aux outils de la création d’entreprise et du marketing. Les premières écoles historiques évoluaient dans un espace vierge de toute concurrence, il n’était alors pas nécessaire d’être un brillant commercial pour faire tourner son école, cet âge d’or est clairement révolu, il faut prendre en compte les limites d’un marché qui arrive à saturation.

Le coût et la durée de la formation au BPJEPS, qui ont augmenté par rapport à l’ancien Brevet d’Etat, sont également pointés comme facteurs d’accroissement du nombre de création d’écoles. Extrait du rapport 2008 : « Selon ce gérant d’une école des Landes, ça va en dissuader pas mal pour ce qu’il y a au bout… Hormis ceux qui veulent monter leur propre structure, je ne vois pas l’intérêt : il faut voir le retour sur investissement ».

Par ailleurs, seules les structures associatives peuvent embaucher un moniteur à l’année. Dans ce cadre-là, l’éducateur peut en effet avoir besoin de connaissances de gestionnaire pour faire vivre et développer le club à l’année. Malheureusement, les salaires peu attractifs n’empêchent pas cette hémorragie de profs : ces derniers finissent par changer d’orientation professionnelle ou créer leur propre école de surf. Le rapport 2008 pose ce constat : « Les niveaux de rémunération sont généralement plus élevés en entreprise que dans les associations. Les permanents des clubs sont moins rémunérés que les CDD qu’ils emploient. Le niveau de rémunération est dans ce cas inverse au niveau hiérarchique ». Les perspectives d’évolution professionnelle dans un club du fait des salaires, ou dans une structure commerciale, du fait de la saisonnalité des contrats, ne rendent pas l’embauche suffisamment stimulante.

Pourtant, tandis que toute une génération d’employés de l’industrie du surfwear a connu des salaires anormalement bas (sous prétexte de happy surfing way of life), les niveaux de salaire des éducateurs surf se sont toujours maintenus à un niveau relativement haut. Tendance que la pénurie de moniteurs n’a fait que renforcer. A titre d’exemple, certaines écoles, ne trouvant plus de BPJEPS, paient des ISA (diplôme moins qualifiant) au même niveau que des éducateurs sportifs.

Quelques pistes pour sortir de l’ornière : plus de formation !

Si la seule alternative au manque de moniteurs est pour les écoles françaises d’embaucher des professeurs venus d’autres pays, dotés d’un diplôme international peu qualifiant – l’ISA -, il n’est pas besoin d’être un génie pour conclure que le BPJEPS ne suffit plus à produire suffisamment de main d’œuvre à l’embauche saisonnière.

Pour autant, la haute qualification des métiers du sport en France est un gage de qualité et de préservation des salaires, il ne faut pas tuer le BPJEPS. Le rapport de 2008 ouvre quelques pistes pour enrichir la formation afin de pallier au manque de moniteurs :

Puisque le BPJEPS se divise en une formation courte et une longue, la première pourrait former les saisonniers, la deuxième les gérants et permanents de clubs. « A défaut d’évolution dans ce sens, l’instauration du DEJEPS ou DESJEPS est souhaitable à court terme ». Là encore, il s’agit de développer les compétences dans la gestion d’une structure sportive, ce qui ne résout pas le problème du manque de main d’œuvre sur la période estivale.

Le questionnaire Eco-Safe Surfing 2018 montre que les moniteurs de surf regrettent le BF2 car ce dernier permettait de disposer d’un aide-moniteur à former, placé sous la dépendance d’un diplômé d’État de surf. L’avantage de ce diplôme intermédiaire pour les écoles employeuses : le BF2 ne pouvait pas monter sa structure de surf car son diplôme ne le rendait pas autonome au regard de la réglementation. Le sport étant classé parmi les sports à risque, un brevet fédéral ne peut toutefois plus être mis en place.

Toutefois, un autre diplôme calqué sur le modèle de l’ancien BF2, de niveau intermédiaire entre le BPJEPS et l’ISA, serait le bienvenu pour offrir en haute saison aux écoles des personnels à l’embauche, non pas des concurrents mais des employés ou des partenaires. C’est ce que préconise le rapport 2008 de la DRJS :

« Un diplôme « adapté » de moniteur-animateur… serait formalisé à destination des moniteurs émettant le souhait d’être « saisonniers » et son usage destiné à la découverte et à l’initiation du surf en saison estivale…

Les cours seraient assurés uniquement auprès de débutants dans une logique pédagogique de découverte et d’initiation…

Le diplôme adapté : un CQP surf ?

Le titulaire du diplôme « adapté » assurerait ses enseignements sous la responsabilité administrative et pédagogique d’un diplômé d’Etat (BEES 1 et 2, BPJEPS, DEJEPS, DESJEPS)… ».

Mais le rapport évoque une limite à la mise en place d’un tel diplôme : « Un tel allègement nécessite donc de reconsidérer la question de l’enseignement contre rémunération en environnement spécifique ». Or, le diplôme ISA, peu qualifiant au regard des diplômes déjà existants sur le sol européen, permet de travailler contre rémunération sur le sol français ! Il y a là un imbroglio que les professionnels ne comprennent pas.  Si quelqu’un – moniteur/formateur, cadre de la FFS ou de la DRJS – peut nous renseigner, il sera plus que bienvenu !!

Il existe dans d’autres disciplines sportives toute une palette de diplômes intermédiaires, parmi lesquels le CQP, le contrat de qualification professionnelle qui permet d’enseigner contre rémunération. Ces solutions évoquées en 2008 n’ont, dix ans plus tard, débouché sur rien de concret. Espérons que les réflexions actuelles prendront en considération les problématiques émises par les gérants d’écoles de surf présentes sur le « terrain », pour leur donner les moyens de leurs objectifs sociaux- professionnels.

Formation Surf, part 2 : Label et formation, un mariage douteux

La stratégie du bâton au service de la formation et du fédéralisme : vers plus de précarité

Le diagnostic de la filière glisse 2017, réalisé par le GIP Littoral Aquitaine, montre que 70% des écoles de surf en France ne prennent ou ne bénéficient pas du label école de surf de la Fédération Française. Soit par choix, soit parce qu’ils sont hors cadre d’attribution.

Or, tout semble organisé, à commencer par la formation et le système d’attribution des stagiaires, pour obliger les écoles de surf à se labelliser (selon des critères qui favorisent les grosses structures au détriment des petits indépendants). L’enquête de 2008 qui accompagne le BPJEPS naissant ne remet d’ailleurs pas en cause cette politique, au contraire elle l’encourage :

 » Un label qualitatif permettrait de renforcer les structures titulaires et aurait pour conséquence, au sein de ces structures, d’alimenter en partie la concentration de moniteurs tout en freinant le développement des entreprises individuelles « .

L’économie du surf ne se résume pas à un type de statut juridique ou de fonctionnement, les écoles de surf doivent être considérées dans leur diversité : il existe des clubs et des écoles privées, des structures en dur, des concessions de plage, des écoles itinérantes, des écoles pluridisciplinaires. Ces types de fonctionnement divers permettent tous de répondre aux attentes également variées de la clientèle surf : certains recherchent le confort d’un vestiaire, d’autres la mise en situation directe dans le milieu naturel, certains la proximité de l’école avec le lieu d’hébergement quand pour d’autres ce sera la découverte des différentes plages d’un secteur géographique en mode itinérant, etc. La diversité nous parle de qualité de l’offre et de cohésion sociale, veut-on standardiser l’enseignement du surf sur le modèle de la grande distribution ?

Le nouveau Label Ville française de surf, mis en place par la Fédération Française de Surf, vise encore à forcer la main aux écoles pour qu’elles prennent le label école française de surf : en effet, pour être éligibles, les mairies doivent avoir sur leur territoire une majorité d’écoles labellisées, ce qui n’est clairement pas la tendance nationale. Se faisant, la FFS influence directement les mairies désireuses d’acquérir ce label puisqu’elles auront tendance dans leurs critères d’adjudication à exiger des écoles candidates la possession du label école de la FFS.

Dès lors, on n’est clairement plus dans un rapport d’écoute et de dialogue mais plutôt de coercition et de manœuvres pour forcer les écoles de surf à prendre le label de la FFS, ce qui au final s’avère contre-productif : en effet, le questionnaire 2018 de Eco-Safe Surfing montre bien que les écoles labellisées elles-mêmes sont très critiques vis-à-vis de ce label et une majorité d’entre elles considère qu’une école labellisée n’est pas forcément plus qualitative qu’une qui ne l’est pas. Par ailleurs, des critères qui favorisent les clubs ou certains types d’écoles, selon des critères non pas pédagogiques mais d’infrastructure, un défaut de communication et de prise en compte des besoins de la profession font que la majorité des écoles échappe au giron fédéral.

Le rapport de 2008 donne quelques pistes pour revaloriser le label FFS :

« La labellisation fédérale doit permettre de mieux identifier les caractéristiques propres des structures associatives et des entreprises commerciales. L’aménagement du dispositif en plusieurs niveaux de label et/ou en distinction de différents labels assureraient le processus ».

De la même manière que le label n’intéresse qu’une fraction d’écoles, les licences ne touchent que les pratiquants en club ou les compétiteurs parce que l’écrasante majorité des pratiquants surfeurs ne se sentent pas visés par la politique fédérale. Dans la perception des surfeurs et gérants d’écoles de surf, la FFS s’est donné pour mission d’organiser la vie compétitive et la collecte de labels qui sont vécus comme des taxes.

Lorsqu’un BEES ou un BPJEPS veut continuer à se former pour acquérir de nouvelles compétences techniques, il ne peut s’inscrire à la formation du Brevet d’entraineur fédéral, même s’il enseigne dans le cadre d’un club, si les élèves ne participent pas aux compétitions fédérales. Or, les compétiteurs ne sont pas les seuls surfeurs en quête de performance et du meilleur entrainement possible. Dès lors, quel intérêt pour ce moniteur de se licencier auprès de la FFS s’il ne peut accéder à de nouvelles formations ?

La question que pose le questionnaire Eco-Safe Surfing 2018 est donc la suivante : la formation doit-elle encore favoriser les écoles et clubs labellisés FFS à l’exclusion des autres, sans tenir compte de la diversité des structures et des problématiques internes de l’ensemble de la profession ? Ces inquiétudes appellent certains éclaircissements qui, malheureusement, peinent à se frayer un chemin jusqu’aux professionnels et deviennent alors source d’incompréhension et d’immobilisme.

 

Formation Surf, part 1 : une réalité corrompue par les clichés autour du surf

En 2008, la DRJS Aquitaine analysait plusieurs questionnaires réalisés sur un panel de gérants d’écoles de surf mais aussi de leur clientèle d’élèves surf, en vue de questionner le nouveau BPJEPS sur son adéquation avec les besoins et réalités du terrain. Ce rapport, qui rejoint notre démarche présente, permet de comprendre l’évolution ou la non-évolution des mentalités qui sont à l’œuvre dès que l’on s’intéresse aux moniteurs de surf.

Éducateur surf, un métier précaire ?

Le rapport de 2008 décrit l’activité « école de surf » comme une activité précaire, en raison essentiellement de son caractère saisonnier.
Il convient alors de s’interroger sur la pertinence de cette association d’idée entre précarité et saisonnalité, posée comme vérité intangible. En effet, le climat et le calendrier scolaire font de l’été la période où se concentre l’activité touristique.
Mais cela ne concerne pas uniquement les écoles de surf, toute l’activité économique de la côte aquitaine vit au ralenti l’hiver et les restaurateurs, les hébergeurs, les prestataires de service jouent presque tous leur chiffre d’affaire sur 2 à 7 mois entre avril et octobre (selon le secteur d’activité, la localisation, les orientations municipales).
Or, comme l’a démontré l’enquête de Julien Barnu et Amine Hamouche, Industrie du tourisme, Le mythe du laquais, un particularisme culturel français veut que les activités touristiques et plus généralement de services, soient jugées comme dévalorisantes et un peu honteuses.

Citons ici un extrait du rapport de 2008 :  « Les moniteurs en CDD se complaisent, pour certains (souvent les plus jeunes n’ayant pas « d’attache familiale »), dans cette situation professionnelle. La plupart signent d’autres CDD en hors saison (montagne, autre sport, restauration, bâtiment…) ». Certains partent l’hiver en voyage, lit-on plus loin !!! Dans quelle société archaïque vivons nous qu’il faille se conformer au modèle classique du choix d’un métier monorail, de la sortie des études jusqu’à la retraite, à rester sur un seul et même poste ? Les métiers saisonniers ne seraient-ils pas légitimes ?

Ce sont les institutions et la façon de penser le travail qui rendent ces choix de vie précaires. Sans CDI en France, il est en effet difficile d’obtenir un crédit dans une banque, louer un appartement peut s’avérer également compliqué et ces problématiques à des degrés divers se retrouvent à tous les échelons de la vie quotidienne. Beaucoup d’emplois saisonniers sont mal payés, car ces métiers sont peu valorisés, en opposition totale avec le poids économique de leur activité : en effet, le tourisme représente 7,1 % du PIB en 2016 et la destination France conserve le premier rang mondial en 2016, avec 82,6 millions d’arrivées de touristes internationaux. Le taux de départ en voyage des Français est de 70 % en 2016. Ils ont réalisé 194,8 millions de voyages pour des motifs personnels, dont près de neuf sur dix en France métropolitaine.

Nous n’allons pas changer les mentalités ou réformer la société mais il est bon de rappeler que certaines représentations sont biaisées : en vertu de leur diplôme d’état, les moniteurs de surf français sont bien payés et les gérants d’école de surf vivent à l’année de leur activité , pourtant saisonnière ! Le rapport de 2008 pose ce constat : « Les gérants d’entreprise qui emploient plusieurs moniteurs en CDD l’été vivent à l’année de leurs revenus. L’objectif de réduire la saisonnalité du métier de moniteur de surf n’est pas primordial pour eux ». (A nuancer : nous verrons plus loin qu’allonger la saison fait partie des objectifs de la plupart des gérants d’école de surf en 2018).

S’il y a précarité, elle est liée à des facteurs externes qui n’ont rien à voir avec la saisonnalité : toute activité liée au tourisme, et plus particulièrement les activités de nature, est tributaire des variations climatiques ou environnementales (marée noire, tempête, orage).
Mais à l’image d’autres secteurs, les aléas de la dérégulation du marché, la concurrence internationale, les variations dans la réglementation et dans les politiques de formation, les conditions d’adjudication et l’apparition de nouvelles taxes sont autant de facteurs qui n’ont rien à voir avec la saisonnalité de l’activité et qui sont susceptibles de dégrader durablement les salaires, la capacité à l’embauche, la résistance à la concurrence et la stabilité de la profession, en l’occurrence ici le secteur des écoles de surf.

Le crise du textile des grandes marques de surf n’a pas touché les écoles de surf, preuve de leur santé mais aussi d’une réorientation des réflexes d’achat des consommateurs vers de l’activité sportive, ici un engouement pour le surf qui n’a fait que croitre. Peut-on alors parler de précarité lorsqu’un secteur professionnel réussit à survoler les marées noires et les crises économiques ? Il est vrai toutefois que la survie économique des écoles de surf se joue essentiellement sur deux mois de l’année (juillet-août) et que cette limite temporelle indépassable constitue un frein au développement économique de ces entreprises. Il faut donc les accompagner dans leur développement, leur donner les moyens de leur réussite.

Éducateur surf, une profession étiquetée

Il y a de plus en plus de surfeurs et donc de surfeurs aguerris, toutes les catégories socioprofessionnelles sont représentées, il paraît de nos jours absurde d’enfermer le surfeur dans les vieux clichés remâchés : antisocial, non conformiste, individualiste, incapable de se fédérer, tournant le dos à tout ce qui est institutionnel.

Si cette tendance s’estompe quelque peu, force est de constater que les éducateurs de surf ont du mal à se faire entendre, à cause des représentations mentales qui restent attachées à l’image surf.

Le sondage réalisé en 2008 sur un panel de 396 clients contredit pourtant cette vision d’un sport en marge de la société : en effet, les pratiquants surf viennent prendre des cours de surf moins pour l’attrait de l’image surf (ensemble de codes et modes véhiculés dans la presse spécialisée et par les grandes marques de surfwear) 16%, que pour les sensations de glisse 72% et la découverte d’une nouvelle activité 22,50%. Ils sont par ailleurs satisfaits de la qualité de l’enseignement qui leur est donné.
Il en ressort que dans le cadre de l’école de surf, un rapport pédagogique classique d’élève à éducateur sportif s’instaure, basé sur l’attrait et la transmission d’une discipline sportive, en dehors de toute mystique surf.

Mais les représentations du surf sont si puissantes qu’une part de subjectivité vient déformer la grille de lecture comportementale qui est faite des moniteurs de surf : dans l’étude de 2008 sur l’emploi et la formation, les rédacteurs du rapport interprètent le peu d’entrain des acteurs de l’enseignement du surf à jouer le jeu de l’enquête, comparativement à des enquêtes menées dans d’autres secteurs sportifs, comme une manifestation de ces caractéristiques précitées.
Pour nuancer cette comparaison, sur des critères qui auraient trait à des schémas  de pensée distincts selon les sports, rappelons que le surf en tant que sport s’est structuré assez récemment (1953, création de la FFS à Biarritz ; 1919, création de la fédération française de rugby). Par ailleurs, le rapport pointe le comportement fédéral pour étayer cette thèse d’une « distance symbolique à l’institution » : « La position quelque peu dominée (s’entend par dominante, je pense), dans l’univers du surf, de la FFS atteste cette analyse. Le fait, également, que plusieurs membres de l’organisation de la fédération (membres du Comité directeur ou d’une Commission) soient plus ou moins directement destinataires du questionnaire et que ceux-ci n’aient pas assuré la passation renforce la critique ». Or, on peut légitimement penser que la dynamique fédérale et les rapports que la FFS entretient avec les institutions mais aussi avec les surfeurs, pratiquants ou éducateurs sportifs, influence le rapport que ces derniers peuvent développer à l’égard du cadre institutionnel sportif. Nous y reviendrons.

Au niveau institutionnel, sociologues et observateurs ont pointé le fait que les pouvoirs publics utilisaient la plupart du temps le surf comme un actif en terme d’image sans s’intéresser réellement aux pratiquants et aux acteurs de la dynamique liée au surf :

Extrait de la thèse Des vagues et des hommes, La glisse au cœur des résistances et contestations face à l’institutionnalisation des territoires du surf en Aquitaine, Ludovic Falaix, 2012.

Cette recherche ne prétend pas présenter de manière exhaustive les politiques publiques territorialisées ayant le surf comme support dans la mesure où elles relèvent de stratégies différenciées et s’articulent en fonction des représentations des élus locaux à l’encontre des populations de surfeurs.  » Les goûts personnels des maires à l’égard du surf et des surfeurs sont réfractés dans l’espace politique municipal  » (Guibert, 2006 :37).
Christophe Guibert précise même que « l’histoire du surf, aussi subjective et imposée soit elle dans les magazines et les discours marketing, ont des effets directs sur les représentations des élus des communes… Les stéréotypes issus de ces productions sont tous, plus ou moins, présents dans la définition des politiques municipales des communes du littoral aquitain  » (Guibert, 2006 :103). Ainsi, des élus se représenteraient les surfeurs comme « jeunes, indépendants et désorganisés », c’est-à-dire qu’ils tendraient vers une forme de « diabolisation » des surfeurs mais, ces mêmes élus souhaiteraient utiliser « le surf pour communiquer et définir une identification territoriales en faveur d’un développement touristique. Mais ce n’est pas n’importe quel « surf » qui est mobilisé puis valorisé » (Guibert, 2006 :143). Christophe Guibert constate alors que « les politiques municipales les plus dynamiques accompagnent non pas la pratique – « libre » ou associative – mais plutôt ce qui permet de rendre la commune médiatiquement visible en évitant tout lien avec les représentations qui sont associées aux surfeurs ordinaires » (Guibert, 2006 :144).

Changement des mentalités ?

Néanmoins, les récentes enquêtes réalisées, l’une par le GIP Littoral Aquitain, l’autre par la DRJS, tendent à montrer que le législateur interroge la profession et que les conditions d’une écoute et d’un dialogue peuvent être enfin réunies. Dans l’enquête de 2008, s’exprimait déjà le manque d’un organisme représentatif des écoles de surf (dans leur globalité) pour pouvoir faciliter les échanges avec la base. C’est dans cette optique que s’inscrit l’association Eco-Safe Surfing : créer un organisme représentatif de la profession, qui puisse faire office de passerelle entre les écoles de surf et les institutionnels, pour faire face ensemble aux enjeux de demain et préserver la santé de notre profession.

 

Questionnaire formation des éducateurs de surf

Questionnaire Eco-Safe Surfing : besoins et vision des moniteurs responsables d’écoles de surf concernant la formation technique

Ce questionnaire a été rempli, entre janvier et mars 2018, par 10 moniteurs de surf du Sud des Landes (titulaires du BEES ou du BPJEPS), ce qui pour un sondage représente un tout petit panel. Toutefois, il fait écho à des propos que nous entendons fréquemment dans le milieu des moniteurs de surf et gérants d’écoles de surf. Si nous avions disposé de plus de temps, notre intime conviction est que nous aurions obtenu les mêmes résultats. Lorsque nous parlerons d’écoles labellisées, il s’agira du label École française de surf délivré par la FFS.

Il va sans dire que ce questionnaire interroge d’abord la formation émise par la France et non les dispositifs existant dans d’autres pays.

Notre ambition était de vérifier et de poser sur un document écrit ce qui n’était jusqu’alors exprimé qu’oralement.
Nous voulions ainsi donner la parole à une profession qui n’est que très rarement consultée sur ses besoins en formation technique, et sur ses problématiques internes en général.
Notre souhait, à l’heur où la région s’intéresse à cette profession, est que la formation évolue pour préserver le niveau de qualification et la santé des acteurs de ce secteur.

Voici le résultat de notre enquête et axes de réflexion qui en découlent :

1. Adhérez-vous au label Ecole Française de Surf de la FFS ?

60% des écoles interrogées prennent le label FFS, 40% ne prennent pas ou plus ce label.

2. Avez-vous besoin de stagiaires ? En bénéficiez-vous chaque année ?

Les écoles de surf recherchent un stagiaire à former puis à embaucher :

100% ont répondu OUI ou n’ont pas répondu, à la question du besoin en stagiaires.

100% répondent ne pas bénéficier de stagiaires pour la saison 2018 (parmi eux, 10% déclarent avoir eu un stagiaire par le passé).

Les écoles labellisées elles-mêmes, une de leurs motivations pour adhérer au label FFS étant d’obtenir un stagiaire, ne peuvent visiblement pas en avoir.

3. A votre connaissance, existe-t-il un dispositif de formation, en dehors du BPJEPS, qui permettrait à votre école de former un stagiaire ?

100% ont répondu NON.
Deux réponses sont nuancées par l’évocation de diplômes non français, l’ISA, ou du diplôme allemand d’enseignant surf.

4. Que pensez-vous du fait de devoir être une école labellisée FFS pour pouvoir bénéficier d’un stagiaire ?

A cette question, 20% des interrogés jugent que le label est une preuve de qualification et ne remettent pas en cause cet état de fait.

80% mettent en cause cette condition du label, décrite comme discriminatoire, source d’injustice et de clientélisme. Ils pensent qu’elle n’est pas un critère valable pour décider qu’une école de surf labellisée est plus à même de former un stagiaire, qu’une qui ne l’est pas.

Si cette question peut sembler évoquer une légende urbaine, il est pourtant admis dans la profession, pour diverses raisons que je vais énumérer, qu’il est impossible de bénéficier d’un stagiaire si l’on n’est pas labellisé :

* Issus principalement de centres de formation, émetteurs de label tels que la FFS ou partis prenantes dans le business des cours de surf tels l’UCPA, les stagiaires sont incités par leurs formateurs et futurs examinateurs à rechercher un stage dans une école labellisée.
* Les stagiaires doivent choisir une école qui corresponde aux critères d’une école labellisée FFS.
* Les stagiaires issus des formations d’entraîneur BIF ou fédéral ne peuvent travailler que dans des clubs labellisés et orientés vers la compétition.

Parmi ces 80%, les écoles labellisées FFS pointent d’autres difficultés qui rendent difficile aux écoles labellisées également l’accès aux stagiaires :

* Il n’y a pas suffisamment de stagiaires pour toutes les écoles labellisées.
* Les stagiaires obtiennent de plus en plus difficilement des financements, ces derniers retombent alors sur les épaules des écoles de surf qui doivent être en capacité financière d’avancer au stagiaire le coût de sa formation (cotisation à un organisme de formation). Seule la grosse structure peut alors se payer le luxe d’un stagiaire.

5. Pouvez-vous détailler quels organismes sont agréés par la DDCSPP (ou la Direction Jeunesse et Sports) pour dispenser des formations d’enseignement du surf ?

40% ont pu évoquer au moins un de ces trois centres de formation, FFS, l’UCPA et le CREPS ; 60% répondent par la négative. Il en ressort que les réponses sont majoritairement évasives sur ce sujet.

6. Quelles formations sont actuellement à votre connaissance dispensées par les organismes de formation ?

Hormis le BPJEPS, aucune autre formation n’a été évoquée dans 90% des cas.
Un brevet d’entrainement de haut niveau à destination des clubs de ligue a été évoqué une fois, de manière évasive.

7. Recevez-vous des informations quant aux formations dispensées par la FFS ou d’autres organismes agréés ? Quand et à quelle fréquence ?

90% de NON. 10% évoque de l’information sur le site et le facebook de la FFS.

8. La FFS vous a-t-elle déjà interrogés sur vos besoins en formation ?

NON à 100%

9. Depuis combien de temps travaillez-vous avec le BE et avez-vous passé de nouvelles formations ou modules de formation pour faire évoluer vos compétences techniques ?

Plus de 20 ans d’enseignement : 50%
10 à 15 ans d’enseignement : 30%
Moins de 5 ans d’enseignement : 20%

90% n’ont pas passé de nouvelles formations techniques. Les brevets de secourisme et le BF2 (parce qu’il n’existe plus) étant hors sujet.
10% évoque avoir bénéficié d’une formation Handi-Surf et d’une formation Surfriderfondation.

10. Selon vos besoins et désirs d’évolution professionnelle, la diversité des formations proposées est-elle satisfaisante ?

90% estime que NON.
10% déclare être bien informé sur la formation du BPJEPS, ce qui toutefois n’est pas évocateur de diversité.

11. En dehors du BPJEPS, les formations dispensées correspondent-elles à vos besoins ?

80% de NON.
10% sans réponse.
10% satisfait.

12. Pour améliorer vos compétences, quels seraient vos besoins en formation technique spécifique ? Précisez…

Une demande concernant le haut niveau, les outils d’analyse, la préparation physique, un renouvellement des données techniques, le croisement avec ce qui se fait dans d’autres pays.

13. Pour améliorer votre flexibilité à l’embauche et éviter que vos employés ne créent une école sur votre pas de porte, ne regrettez-vous pas le Brevet Fédéral 2ème degré ?

70% regrettent le BF2 ou l’absence de son remplacement par un diplôme équivalent.
30% répondent non à cette question car ils la comprennent comme une mise en cause de la libre concurrence.

Les répondants voient dans le BF2 un moyen de faciliter l’embauche tout en limitant la capacité de création d’entreprises concurrentes, c’est donc le fond et non la forme fédérale que prendrait ce diplôme qui les intéresse.

14. En tant que responsables d’école de surf, quel type de formation aimeriez-vous voir mise en place pour bénéficier de travailleurs saisonniers d’un niveau de compétence inférieur au BPJEPS mais tout de même correct?

Le BF2 (l’obligation de travailler en présence d’un BPJEPS, comme assistant BE) ou un diplôme de niveau inférieur au BPJEPS est évoqué (les écoles non labellisées veulent pouvoir elles aussi bénéficier de stagiaires et embaucher), un genre de brevet d’état allégé.
Seuls 20% des répondants rejettent les diplômes plus légers (français ou étrangers) en déclarant qu’ils sont moins qualifiants et créent une inégalité de traitement de la clientèle en terme de qualité et de sécurité de l’enseignement.

15. Que pensez-vous de l’ISA, diplôme européen, et du niveau de qualification de ce diplôme ?

80% de réponses négatives : injustice de traitement des ISA français (ne peuvent enseigner en France qu’après avoir travaillé dans un autre pays) et des ISA issus d’autres pays (qui peuvent enseigner en France dès la première année), diplôme au rabais, créations des conditions d’une concurrence déloyale envers les écoles nationales.
20% de réponses positives : facilité pour l’embauche, expériences positives.

16. Avez-vous déjà embauché un ISA ? Pourriez-vous embaucher un ISA et pourquoi ?

20% disent NON
10% disent OUI
70% disent un Oui par dépit, en nuançant par : « si je n’ai pas d’autre alternative, si je ne peux pas trouver de BE ».

17. Existe-t-il à votre connaissance un diplôme de niveau équivalent à l’ISA, délivré par les organismes de formation français, et qui vous permettrait d’embaucher un jeune français qui voudrait travailler comme initiateur surf ?

90% de NON
10%, réponse incertaine (évocation du BF2 qui n’existe plus)

18. Que pensez-vous du BPJEPS et de l’évolution du Brevet d’État vers cette formation professionnelle ?

50% n’ont pas d’avis (sans avoir expérimenté les deux dispositifs, il est difficile de porter un jugement tranché).
40% ont un avis négatif lié à l’allègement de la formation (disparition du Tronc Commun, du BNSSA), au manque d’évolution des contenus et à la diminution des moyens financiers.
10% ont un avis positif. On relève une augmentation de l’exigence concernant le niveau en surf des candidats.

19. Le BPJEPS selon vous est-il en adéquation avec les besoins du marché ? Besoin en nombre de moniteurs de surf ? Le BPJEPS et les organismes de formation prennent-ils en considération la problématique de la saturation du nombre d’écoles de surf sur certaines zones ?

60% pensent que ce diplôme n’est pas en adéquation avec les besoins du marché. Le paradoxe évoqué : chaque année, de nouvelles écoles de surf se créent alors que le marché sature et dans le même temps, il devient de plus en plus difficile de trouver des moniteurs de surf à embaucher.
70% pensent que cette double problématique n’est pas prise en compte par les organismes de formation.
20% ont un avis positif.
10% n’ont pas d’avis.

20. Quelles seraient vos idées pour améliorer les dispositifs existants et pour que la formation réponde à vos besoins mais tienne compte aussi de vos problématiques internes ? En vue d’améliorer la qualité de l’enseignement mais aussi les conditions dans lesquels cet enseignement peut être donné.

Réponses proposées : un brevet français entre l’ISA et le BF2 ; un minimum de 3 ans d’exercice avant qu’un jeune diplômé puisse créer son école de surf ; des modules techniques permettant de compléter le BEES ou BPJEPS de nouvelles compétences techniques spécialisées ; un système de formation continue pour permettre aux BEES de se former sans interrompre leur activité professionnelle ; une éducation aux nouvelles problématiques du marché (espaces saturés) auprès des jeunes en formation ; créer des équivalences européennes de diplômes avec des diplômes de niveau équivalent plutôt qu’avec le diplôme de la International Surfing Association, trop peu qualifiant.

21. En dehors de la technique d’activité, quelles compétences vous manquent qui pourraient être complétées par des formations spécifiques ?

La gestion du personnel. Comptabilité. Langues étrangères. Listing et prospection clients. Marketing. Maîtrise des outils numériques. Création et communication numérique. Maîtrise de certains logiciels (Xcel, Worpress, Indesign, photoshop). Montage video. Tourisme Durable. Etc.

Analyse :

Le BEES puis le BPJEPS ont permis à des générations de professionnels de valoriser un métier et de dépasser les clichés et blocages mentaux qui touchent au surf et plus généralement aux activités de service et/ou saisonnières (1). 50% des répondants à ce questionnaire exercent depuis plus de 20 ans, on ne peut donc pas décrire leur métier comme un « job d’été », entendons par là, une activité précaire exercée à court terme en attendant de trouver un « métier stable et honorable ».

Ce questionnaire aurait mérité d’être diffusé sur une plus longue période mais nous avons souhaité le transmettre à de la DRJS à un moment où elle interroge le métier de moniteur de surf (enquête métier qui a été menée auprès de toutes les écoles françaises en 2017). Il n’en reste pas moins que cela a permis à la profession de s’exprimer avec ses mots pour établir un dialogue qui n’a que rarement lieu.

Ce qui ressort avec une grande netteté de ce questionnaire, c’est que de leur vivant, certains moniteurs de surf n’ont jamais été interrogés sur leur métier, leurs besoins, leurs problématiques.
L’organisme qui est le plus proche des surfeurs, la FFS, est perçue principalement comme un organisme collecteur de labels et organisateur de compétitions. Un organisme qui serait  déconnecté des pratiquants, surfeurs et professionnels, de leurs besoins et problématiques, pour preuve le manque flagrant d’échange et de dialogue que révèle le questionnaire.

Par ailleurs, les enquêtes et les décisions portent fréquemment sur les écoles labellisées seulement ; de même que la FFS met sa politique de labellisation au centre de son action de formation (2).
Or, 70% des écoles françaises ne sont pas labellisées FFS. Pourtant, issues des mêmes centres de formation, elles devraient légitimement avoir les mêmes droits d’accès à la formation, aux stagiaires et à l’embauche que la minorité d’écoles labellisées.

Aux questions – êtes-vous informés, interrogés, écoutés sur vos besoins en formations et problématiques professionnelles – , la réponse est unanimement NON. Si l’on interroge les moniteurs de surf sur les formations qui existent, ils ont des difficultés à répondre. Cette vacuité exprime elle aussi un manque de communication, d’information, et peut-être de formations, mais aussi un malaise et une impuissance face aux enjeux de demain.

La richesse des formations proposées déterminera le futur de toute une profession avec deux options :

  1. Nivellement par le bas et précarisation, en faisant de l’ISA le modèle de base ? : de nombreux moniteurs font de leur activité professionnelle un métier, une carrière, en continuant d’enseigner ou en devenant gérants d’une structure école, souvent les deux. Quel avenir pour eux ?
  2. Préservation et amélioration du niveau de qualification des moniteurs français à travers la formation ? : pour empêcher la requalification de cette profession en « job d’été » (1), maintenir le niveau des salaires et la qualité de l’enseignement. Diversification des formations pour bénéficier d’animateurs qualifiés à opposer aux travailleurs ISA.

A l’heure où les JO de surf accaparent toutes les attentions, nous espérons que les acteurs du surf ne seront pas seulement utilisés comme un actif en terme d’image mais valorisés et protégés en tant que profession (3).

En permettant au surf d’être enseigné sous la forme d’un brevet d’état, la DRJS et la FFS ont créé un outil extraordinaire pour guider des générations entières vers une connaissance accrue de l’océan et de ses dangers, une qualification à haut degré d’exigence concernant la sécurité et la connaissance des dispositifs réglementaires.
Ce diplôme mériterait d’être mis en avant au niveau européen, il est quand même surprenant que ce soit un diplôme issu d’une association internationale hors sol européen, moins qualifiante, qui ait été retenue par les instances européennes. Doit-on y voir un lien avec la volonté politique qui a conduit à faire entrer le surf aux JO par le biais de l’ISA ?

La profession exprime un besoin en contenu technique renouvelé concernant le BPJEPS (modules complémentaires) et le désir de diplômes intermédiaires pour faciliter l’embauche d’aides à l’encadrement et l’acquisition de stagiaires pour tous les types de structures (labellisées ou non, petits indépendants et grosses structures, écoles privées et clubs) (2).

De nombreux dangers menacent la profession (saturation du marché, concurrence déloyale des ISA, difficultés d’embauche et de formation de stagiaires), l’association Eco-Safe Surfing s’est donnée pour mission de permettre aux moniteurs de surf de participer aux débats publics qui les concernent, en vue d’améliorer et de préserver leurs conditions de travail et leur exigence de qualité.

Nous saluons l’initiative de la DRJS à travers son enquête sur le métier de moniteur de surf, questionnaire dont nous sommes impatients de découvrir le compte rendu, afin d’enrichir notre réflexion.

(1) Voir l’enquête de Julien Barnu et Amine Hamouche, Industrie du tourisme, Le mythe du laquais, dont on peut lire ici un condensé :

Tourisme : le coûteux mépris français

(2) Le surf en France. Emploi-Employabilité-Formation. Rapport final d’étude. DRDJS Aquitaine. Décembre 2008.

 

 

 

Réflexion sur le concept de label

Diagnostic Eco-Safe Surfing, part 8 : redéfinir le concept de label

Gardiens de leur charte de qualité

L’ambition de l’association, c’est de faire des adhérents à la charte Eco-Safe Surfing les acteurs de leur propre démarche d’amélioration de la qualité. Acteurs consentants, et non pas contraints par des droits d’accès draconiens ou des règles limitatives. Un label selon nous, dans une économie durable, doit permettre à toute entreprise, quel que soient ses moyens, son profil, de s’améliorer.

Le regroupement d’écoles de surf Eco-Safe Surfing a créé une charte qui réunit l’exigence pédagogique, la sécurité et l’éco-responsabilité dans la pratique de l’enseignement du surf. En vertu d’une évidente interdépendance entre ces trois pôles.

Par ailleurs, au lieu de parler de label, nous avons préféré établir une charte de qualité : il y a là l’évocation, non pas d’une machine à contrôler et à contraindre, mais plutôt d’un code de conduite, en vue de faire connaître et de transmettre les bonnes pratiques dans l’enseignement du surf.

Il était intéressant aussi, à notre sens, que ce soient les écoles de surf, expertes dans leur domaine, qui édictent les règles d’une charte de qualité liée à l’enseignement du surf.

Développement durable

Pourquoi contraindre des gens bien intentionnés ? A l’heure des regroupements coopératifs et d’une vision plus participative de l’économie, du moins au niveau local, l’association Eco-Safe Surfing a voulu redéfinir les termes d’une charte de qualité qui ne soit pas conditionnée par une capacité financière à acheter un label.

Une charte de qualité, selon nous, regroupe des professionnels de bonne volonté, qui veulent défendre et promouvoir une vision de leur métier en suivant un code de conduite garant d’une qualité. Ainsi, la simple adhésion à l’association Eco-Safe Surfing, et reconnaissance de ses valeurs permettent de se réclamer de cette charte de qualité Eco-Safe Surfing. En cas de comportement professionnel inadéquat, l’adhésion n’est pas renouvelée.

Pour qu’un label demeure une démarche sincère et durable. Car en défendant cette charte de qualité, les écoles Eco-Safe Surfing veulent prêcher par l’exemple et influencer, aider la profession dans son ensemble, au delà des clivages (multitude de labels déjà existants, différents types de structures d’enseignement du surf et de fonctionnements). Le principal, c’est de pouvoir assurer un enseignement de qualité, dans un cadre juridique et professionnel viable.