Eco-Safe Surfing, depuis sa création en 2017, a suivi, questionné, pointé parfois les dérives des différents dispositifs mis en place par les municipalités pour sélectionner les écoles de surf autorisées à enseigner sur leur espace réglementé.
L’objectif initial reste inchangé : créer les conditions d’un dialogue constructif avec les institutionnels (mairies, syndicats mixtes de gestion des baignades, préfecture, etc) afin d’encourager l’émergence d’une démocratie participative permettant aux professionnels du surf de devenir des acteurs du débat public sur les questions touchant à la régulation de leur activité.
Dans une perspective de sensibilité aux enjeux environnementaux, le collectif aimerait pouvoir également être reconnu pour son expertise et force de proposition concernant la sécurité de la pratique mais également des problématiques d’érosion et d’artificialisation de la plage dont il est un témoin privilégié, du fait de son contact quotidien avec l’environnement plage.
Conscients que l’expertise profane ne suffisait pas seule à asseoir dans les imaginaires collectifs le sérieux d’une profession souvent mal considérée, professeur de surf, l’association s’est depuis ses débuts tournée vers l’expertise scientifique afin de trouver matière à défendre ses points de vue. Enquêtes du ministère des sports, travaux sociologiques, données juridiques ont donné à la corporation des gérants d’école de surf, plus que des outils, des arguments factuels pour se faire entendre et respecter.
C’est dans ce cadre là qu’un projet de recherche a vu le jour en 2022, qui s’est appuyé sur les ressources techniques et humaines de l’association pour connaître les problématiques rencontrées par les gérants d’écoles de surf et étudier les dispositifs municipaux d’attribution du droit d’enseigner, principalement Biarritz, Hendaye, Capbreton, Hossegor et Seignosse.
Puisqu’à travers ce sujet peuvent se décliner toutes les problématiques de ce secteur professionnel : les gérants-moniteurs de surf interviewés ne se sentent pas vraiment considérés par les institutionnels, sinon comme un secteur à ponctionner financièrement. De plus, ils vivent dans un environnement professionnel en tension, du fait d’une concurrence exacerbée et anarchique sur des espaces qui ne sont pas extensibles, d’une distorsion entre les besoins en masse salariale et de jeunes diplômés qui se mettent aussitôt à leur compte, d’un désengagement des centres de formation et du ministère des sports sur ces divers sujets et vivent dans un univers quelque peu désenchanté. La récession économique ainsi que les aléas climatiques ne faisant qu’exacerber ce sentiment en y ajoutant de l’insécurité sociale.
Le livret démontre, chiffres et jurisprudences à la clef, que les modèles présentés par certaines mairies comme la solution pour limiter le nombre de moniteurs de surf sur les plages sont loin d’être parfaits, voire illégaux lorsqu’il en viennent à créer de nouvelles taxes et à contraindre les écoles de surf à se conformer à des critères de sélection peu équitables voire incohérents au vu de l’objectif initial.
Ce livret a été pensé pour servir de base de réflexion aussi bien pour les socio-professionnels que pour les mairies chargées de la difficile tâche de réguler l’activité surf en période estivale.
Or, tandis que Capbreton a perdu un procès et vu son dossier de sélection ainsi désavoué, les deux mairies voisines, de Seignosse et de Hossegor, arrivent au bout de leurs trois ans d’autorisation, sur la base d’un dossier inspiré directement par Capbreton. Plusieurs chemins s’offrent à elles, celui d’une co-création de meilleurs dispositifs réglementaires, avec l’aide et le soutien des gérants d’école de surf, ou celui d’une duplication de l’ancien modèle qui a montré ses défauts. Qui soutire de l’argent aux écoles de surf en échange de contreparties imposées, ici un parking (rendu pour l’instant facultatif), ailleurs un beach marshall (taxe toujours en vigueur à Hossegor). Ou qui impose des contraintes en nombre de moniteurs par école de surf, avec des disparités d’une mairie à l’autre, Capbreton un seul moniteur mais open bar pour le club (du temps où l’arrêté municipal était encore en vigueur) ; Hossegor et Seignosse, des dossiers qui récompensent le plus grand nombre de moniteurs.
Le livret ne se présente pas comme un évangile mais souhaite simplement apporter un éclairage sur les points forts et les faiblesses de ces procédures afin de se donner les moyens, ensemble, de bâtir des dispositifs plus justes et équitables. Rappelons que l’objectif du maire est de préserver une qualité et une sécurité dans la pratique du surf, en vertu de son pouvoir de police. Les écoles de surf poursuivent le même objectif, les conditions sont donc réunies pour que les administrés deviennent des partenaires dans l’élaboration de ces dispositifs.
Cliquez ici pour consulter le Livret ainsi que l’article tirés du programme de recherche RECIT :