Diagnostic Eco-Safe Surfing, part 5 : la problématique de la multiplication du nombre d’écoles de surf
- Les maires font valoir leur devoir de garantir la sécurité de leurs usagers lorsque, par des arrêtés municipaux, ils tentent de réduire le nombre des écoles de surf présentes l’été sur leurs plages. L’argument avancé : en période estivale, le nombre d’élèves surfeurs, présents dans l’eau, vient rajouter de la pression humaine et augmente les risques d’accidents.
D’où l’importance d’une zone réservée aux baigneurs, à l’exclusion des surfeurs qui se partagent le reste de l’espace.
Les maires également sont attentifs aux conflits d’usage, entre surfeurs, entre surfeurs et baigneurs, entre surfeurs et pêcheurs, entre pêcheurs et baigneurs, entre kite-surfeurs et usagers de la plage, etc.
A titre d’exemple, bien qu’ils ne soient pas autorisés à se baigner hors zone de bain (drapeaux bleus), les baigneurs déplorent parfois la présence de tous ces surfeurs dans cet espace pourtant hors baignade surveillée.
Les free surfeurs (non encadrés) quant à eux pointent du doigt l’encombrement humain des élèves surf, bien que ces derniers soient généralement circonscrits au bord et sur des spots peu attractifs pour le surfeur expert (vagues plus petites).
- Toutefois, malgré la multiplication du nombre d’écoles de surf, dans les réunions municipales de fin de saison, aucune mention n’est faite d’un nombre accru d’accidents liés à la pratique encadrée du surf en école de surf. Comment expliquer cela sinon par le professionnalisme des écoles et éducateurs de surf : elles utilisent systématiquement depuis dix ans des planches en mousse qui ont grandement limité la dangerosité de la pratique ; dans cet esprit, la sécurité est au premier plan de l’action pédagogique des moniteurs qualifiés.
Par ailleurs, les éducateurs de surf, en s’étalant bien au delà de la zone réglementée, viennent renforcer le dispositif de sécurité officiel composé des surveillants de baignade. Ils signalent et portent assistance aux baigneurs en difficulté et ont eux-aussi un rôle de surveillance (qui découle de l’obligation de porter assistance à toute personne en danger, dès lors qu’on a les qualifications pour le faire, notamment des diplômes de secourisme). Ils communiquent avec les chefs de poste sur les conditions de mer et problématiques liées à la dangerosité de l’océan.
Au lieu d’encourager cet échange tacite, il est parfois regrettable que les surveillants de plage soient cantonnés à un rôle de surveillance des écoles de surf autorisées, plutôt que de partenariat, ce qui eut été plus valorisant pour les deux parties, et surtout plus productif.
- La deuxième problématique concerne les écoles de surf et leur capacité à mener à bien leur action pédagogique dans des conditions de sécurité optimale : en effet, on peut imaginer qu’au delà d’une certaine quantité de moniteurs et d’élèves de surf sur un espace donné, il puisse devenir impossible de surfer sans se gêner et occasionner des collisions.
La difficulté de cette problématique rejoint celle des mairies : comment réglementer un espace libre d’accès, sans empêcher le libre exercice de l’entreprise, en restant juste et équitable, sans favoriser les monopoles et en préservant la santé et la diversité du tissu social et entrepreneurial ? Ce qui est une des missions de la DDCSPP.
Et comment limiter la création de nouvelles écoles alors que des formations de professeur de surf sont dispensées et des diplômes délivrés dans les centres de formation (FFS, Creps, Ucpa), en dépit de la saturation du marché ? Qui plus est, un marché qui est ouvert aux travailleurs européens avec leur diplôme ISA.
50 % des écoles existantes ont été créées en l’espace de 7 ans seulement, depuis 2010 (enquête du CDTL). On observe en effet un changement de comportement de la part des individus tout juste sortis de formation, dotés du diplômé du BPJEPS, car ils montent à présent directement leur école. Auparavant, le moniteur fraichement diplômé travaillait pour diverses écoles, se faisait une expérience professionnelle solide avant de créer son entreprise. La psychologie de ces jeunes profs a changé : plus le marché se resserre, plus se fait sentir comme une urgence de s’installer, chaque nouveau diplômé représente alors une énième école. On peut parler de Baby Surfschool Boom ! La courbe du taux de natalité des bébés écoles de surf grimpe de manière vertigineuse, si bien que l’écosystème des écoles de surf dans son entier s’en trouve fragilisé.
De plus, l’effet de vase communicant vers les zones où l’économie du surf est moins développée n’a pas lieu, ce sont les zones déjà saturées qui sont les plus concernées par ce phénomène de babysurfchool boom.
Tandis que les centres de formation continuent de former des BPJEPS, le brevet fédéral (qui ne permet pas d’ouvrir sa propre école) n’existe plus, qui eut permis aux écoles de disposer de personnels qualifiés.