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Eco-Safe Surfing s’est donné pour mission d’informer ses adhérents et de leur donner une voix pour exprimer leurs problématiques et leurs besoins. Cela oblige l’association à un long travail de recherche qui l’amène à questionner les choix stratégiques des institutions. Cette démarche se veut constructive, il va sans dire que la FFS a un rôle prépondérant dans l’avenir du surf en France, dans des domaines très diversifiés.
Pour éviter toutes réactions viscérales qui pourraient entraver les échanges entre les différents acteurs, nous essayons autant que possible d’être critiques sans porter de jugements hâtifs. Nous souhaitons simplement progresser ensemble et réfléchir aux moyens d’améliorer les conditions de travail et de formation des gérants d’écoles de surf et éducateurs sportifs.
C’est dans cette optique que nous avions sollicité le 17 avril une entrevue avec le président de la Fédération Française de Surf, qui nous a donné satisfaction le 23 mai, en la personne de son vice-président Mr Bernadet, en nous recevant dans les bureaux de la FFS à Hossegor.
Mr Bernadet était très bien renseigné sur les orientations et projets de la Fédération Française de Surf, si bien que j’ai pu, en tant que président de Eco-Safe Surfing, lui poser un grand nombre de questions, après lui avoir brièvement présenté l’objet de notre association et sa raison d’être.
Voici les enseignements tirés de cet entretien, si des erreurs de se sont glissées dans ce compte rendu, je serai tout à fait disposé à les corriger ultérieurement. La réglementation est un animal complexe qui s’attache différemment aux uns et aux autres, les réponses données ont suscité bien sûr de nouvelles interrogations.
Premier sujet abordé, l’accès aux stagiaires
L’accès aux stagiaires dépend de la formation, qu’on a tendance à associer naturellement à la FFS. Or, l’organisme d’état pour la formation, m’expliquait Mr Bernadet, c’est le CREPS. Les cadres de la FFS qui s’occupent de la formation travaillent pour le CREPS. Une manière de dire, nous travaillons pour l’État, nous ne sommes pas seuls décisionnaires. Bien conscients de cela, nous nous étions déjà rapprochés de la Direction de la Jeunesse et des Sports.
A la question des stagiaires, sur le principe, n’importe quelle école peut demander un stagiaire, mais sur le principe seulement :
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A l’issue de la formation, se réunit une commission d’attribution des stagiaires pour valider ou non les écoles qu’ils ont choisies et qui doivent répondre à certains critères de qualité. Les écoles labellisées FFS sont d’emblée mises en avant, pour les autres écoles, la FFS est consultée et donne un avis. L’argument avancé, c’est qu’elle n’a pas les moyens de connaître la qualité des 70% d’écoles non labellisées tandis que les écoles labellisées leur sont connues puisqu’elles ont été auditionnées.
Tout compte fait, il semble donc que pour obtenir un stagiaire, il faille être une école labellisée ou alors, pour se faire connaître par la FFS, devenir formateur bénévole pour la FFS.
Passons sur le fait qu’être formateur ne signifie pas forcement “être un bon formateur”, de même qu’il est illusoire de penser que toutes les écoles labellisées FFS, auditionnées tous les 3 ans, répondent à des standards de qualité supérieurs à ceux d’une école non labellisée FFS.
Selon Mr Bernadet, une école labellisée disposant d’un stagiaire une année, pourrait se voir retirer ce privilège l’année suivante : le vice-président déclare que la FFS, lorsqu’elle fait passer l’examen final, peut alors juger si le stagiaire a été correctement formé ou bien utilisé en mode usine pour donner des cours à la chaine. Et qu’alors l’école peut se voir refuser son stagiaire l’année suivante. La question d’un manque de stagiaires par rapport aux nombre d’écoles labellisées et de leur distribution entre les unes et les autres de ces écoles n’a pas été développée.
Le pourcentage d’examinateurs issus des cadres de la FFS, de l’UCPA ou d’autres organismes ne nous est pas connu, qui eut pu apporter un éclairage intéressant sur ces propos et révéler l’influence prépondérante de tel ou tel de ces différents acteurs sur la formation. En effet, d’un point de vue extérieur, il est difficile d’appréhender clairement le rôle des uns et des autres pour avoir une vue d’ensemble du système.
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Des stagiaires pour les grosses structures : la sélection par l’argent.
Les organismes d’état prennent de moins en moins en charge le coût de la formation, celle-ci retombe alors sur les employeurs, les grosses structures qui sont en capacité financière d’avancer le coût d’une formation au BPJEPS. En échange d’une promesse de stage et d’embauche dans leur entreprise.
Notons que le vice-président de la FFS déclare que l’uniformisation des types de structure sur un seul modèle n’est pas un gage de qualité et que la diversité est souhaitable. Pour autant, la FFS se désengage de ces problématiques qu’elle juge identiques à celles que l’on retrouve dans d’autres secteurs d’activité professionnels : le financement de la formation, la concurrence des diplômes ISA et autres spécificités du surf restent donc des problèmes sans solution.
Prochaine mission d’Eco-Safe Surfing : obtenir des renseignements concrets pour connaître les modalités de paiement de la formation d’un stagiaire et les garanties contractuelles permettant de financer un apprenti BPJEPS en ayant la certitude qu’il aura le droit d’effectuer son stage dans la dite-structure qui l’a sponsorisé.
La formation : en relation avec la difficulté croissante à trouver des moniteurs à l’embauche tandis que le nombre de créations d’écoles se multiplie
Les clubs, les association affiliées à la FFS, sont favorisés par la politique fédérale des formations, il suffit de regarder les formations existantes. L’argument avancé, c’est qu’il y a beaucoup de bénévoles dans les clubs et qu’il convient donc de les aider et de les favoriser par rapport aux privés.
Le fait que les clubs soient concurrents directs des écoles privées sur les mêmes lieux de pratique, en proposant des prestations commerciales, est une donnée qui n’a pas été évoquée lors de l’entretien. Pourtant, le fait de disposer de personnels gratuits ou peu rémunérés permet bien sûr d’exercer une concurrence déloyale.
Ainsi, en dehors du BPJEPS, les diplômes intermédiaires existants ne permettent pas d’embaucher un moniteur de niveau intermédiaire contre rémunération, afin par exemple d’embaucher un diplômé français plutôt qu’un ISA : le BIF permet actuellement d’enseigner bénévolement dans un club affilié, un monitorat fédéral va également être mis en place, mais toujours sur la base du bénévolat. Ces diplômés ne pourront travailler que dans des structures fédérales.
Un diplôme intermédiaire pour les écoles privées, labellisées ou pas ? Impossible car le surf est un “sport à environnement spécifique”, il n’est légalement pas possible de travailler contre rémunération autrement qu’avec un brevet d’état ou professionnel. Dans les autres pays européens, le surf n’est pas classé sport à environnement spécifique, ce qui ouvre une brèche qui permet au diplômé ISA d’enseigner en France à ses ressortissants, de ce que j’ai compris, bien que le diplôme soit peu qualifiant. Des directives européennes quelque peu inégalitaires dans la répartition des contraintes professionnelles.
Malgré les éclaircissement apportés, on ne comprend pas bien comment le BIF s’accommode de la contrainte du statut de sport à environnement spécifique. En quoi le fait d’enseigner bénévolement permet-il d’échapper à la problématique de la dangerosité de l’activité en milieu océanique quand un diplôme équivalent permettant de travailler contre rémunération serait interdit ?
Faire évoluer son niveau de formation quand on a le BE ou BP, pour l’instant impossible : en effet, tous les deux ans est organisée une formation d’entraineur, dont les places sont limitées, et les clubs sportifs tournés vers la compétition sont prioritaires sur les écoles privées ou les associations qui ne sont pas affiliées.
Pourquoi des moniteurs issus de structures commerciales ne pourraient-ils pas prétendre à former des sportifs de haut niveau, dans le cadre du calendrier des compétitions mais aussi dans celui, hors compétition, du développement personnel ? Une plus grande équité dans le droit à la formation ne permettrait-elle pas de créer les conditions d’un échange productif entre secteur privé et associatif ?
Solution envisagée par la FFS face au manque de profs à l’embauche : le BPJEPS, et le coût de la formation, vont être allégés (4 modules) pour rendre le diplôme plus accessible aux jeunes en recherche d’un job d’été, avec comme objectif de former plus de monde
Actuellement, grosso modo, sur 300 candidats par an aux pré-requis techniques, 60 sont pris en formation. A la question, pourquoi le niveau d’exigence technique aux pré-requis a-t-il augmenté ? Parce que le niveau global des pratiquants s’est amélioré.
La solution avancée, sans précision temporelle, pour réduire le nombre de création d’écoles : le DEJEPS et DESJEPS, diplômes au dessus du BPJEPS qui apportent des compétences pour gérer des structures et organiser les ressources humaines dans une équipe technique, pourraient donner droit à ouvrir une école (les BE et BP déjà diplômés auraient l’équivalence). Le BPJEPS ne permettrait alors plus que de travailler contre rémunération.
Mais pour cela, il faudrait que l’État réglemente la profession, comme il le fait déjà avec les coiffeurs, les infirmier, les médecins. Mais peut-on se raccrocher à cet espoir, lointain et indéterminé ?
L’UCPA est un Centre de formation national, donc en gros, elle fait ce qu’elle veut de ses formés : lorsqu’elle paye la formation d’un jeune, cela se fait en échange d’un engagement à travailler pour elle, à priori tacite, mais qui dissuade probablement beaucoup les stagiaires de candidater ailleurs. Cette dernière remarque est purement spéculative et n’engage que moi.
Il semble probable que l’UCPA et les grosses structures captent l’essentiel des stagiaires et des formés : être formateur, labellisé et en capacité de payer le coût des formations constitue un avantage sur les autres écoles, c’est indéniable.
La FFS se désengage par ailleurs de la problématique des adjudications de plages en disant que c’est le rôle des maires et que malheureusement le marché allait probablement se réguler de lui même, au profit des plus gros.
Quelques infos sur le label FFS et sa politique de formation au niveau européen
Le label FFS : d’après les informations recueillies lors de notre entretien, les écoles qui se portent candidates au label sont auditionnées la première année. Tout type de structure peut se porter candidat (également une école qui ne serait pas munie de vestiaires et de certains équipement), les écoles font ensuite l’objet d’un audit tous les 3 ans (un cadre réserve et prend un cours dans la structure).
Par ailleurs, une école labellisée n’a pas le droit d’embaucher de ISA et ses employés doivent avoir la licence éducateur de la FFS.
La FFS essaie de protéger et de valoriser les diplômes nationaux : en vertu de la spécificité française du surf, sport à environnement spécifique, les ISA sont parfois rattrapés par la réglementation française lorsqu’ils doivent faire la preuve de leurs compétences en situation dans le milieu qu’ils ont choisi pour enseigner. Ainsi, je précise n’avoir pas d’information sur la date ou la fréquence de l’évènement, il est arrivé que la DRJS procède à un test de compétences sur lieu de pratique : 50 ISA, ayant demandé à la DRJS une carte PRO afin d’enseigner en France, ont été convoqués pour une mise en situation, à peine une dizaine d’entre eux se sont déplacés et deux seulement ont été reconnus aptes à enseigner en France et gratifiés d’une carte Pro.
La Fédération Allemande de Surf a créé des diplômes sur le modèle du BE français, d’un niveau donc bien supérieur à l’ISA. Le président de la FFS, Mr Arassus est également président de la Fédération de surf européenne et la FFS a pour projet de créer un diplôme de surf européen calqué sur les standards et critères de qualité français. Cela permettrait peut-être d’avoir une autre alternative à l’embauche que le choix d’un ISA formé sur une période trop courte pour constituer un gage de qualité.
Parmi les options d’évolution de la formation, évoquées en interne par les cadres de la FFS : la possibilité d’une formation continue pour les BP, avec une révision tous les 5 ans sur le modèle des diplômes de secourisme. Cela néanmoins ne semble pas être à l’ordre du jour.
Vers une meilleure communication ?
Quand j’ai soulevé un manque de communication, source probable de malentendus entre la FFS et les écoles de surf, il m’a été dit qu’auparavant, la FFS organisait deux réunions par an mais que les écoles labellisées ne se déplaçant pas, l’organisation de ces réunions avait été abandonnée.
Quand j’ai soulevé le fait que 70% des écoles françaises non labellisées avaient du mal à trouver des informations, Mr Bernadet a déclaré que l’on pouvait aller se rendre sur le site de la FFS.
Pour se renseigner donc, deux options : se licencier pour recevoir la newsletter par mail, sinon aller à la pêche sur le site de la FFS.
Pour y avoir cherché des informations à plusieurs reprises, je peux dire avec certitude qu’on n’y trouve pas tout.
Mr Bernadet a proposé, si nous le souhaitions, que nous organisions une réunion pour que les adhérents de l’association aient la possibilité d’échanger avec la Fédération Française de Surf.
Il est facile d’accuser la fédération de tous les maux, tandis que la FFS juge parfois un peu désinvolte l’attitude des écoles privées, qui demandent tout sans jamais s’investir dans le système fédéral.
Néanmoins, je pense que chacun peut dépasser ces représentations pour réfléchir ensemble aux moyens de défendre la belle spécificité française de l’enseignement du surf.
Cette rencontre était, je l’espère, un premier pas dans cette direction.